16 avril, 2019Le réseau syndical Hyundai et Kia s’est réuni à Ostrava, en République tchèque, les 8 et 9 avril, avec des participants venus de République tchèque, de Slovaquie, d’Allemagne, d’Inde, de Corée, du Brésil et de Turquie, qui représentaient toutes les usines couvertes par des syndicats indépendants et démocratiques.
La réunion, qui a été inaugurée par le président du syndicat hôte OS KOVO, Jaroslav Souček, s’est tenue à Ostrava en raison de l’importance de l’usine Hyundai qui y est implantée.
Les participants ont évoqué les relations au sein des usines Hyundai et Kia et de leurs fournisseurs de par le monde. Un thème récurrent était celui des médiocres relations avec l’entreprise, avec des attitudes antisyndicales en Allemagne et en Turquie et des directions locales encourageant les travailleurs et travailleuses à concurrencer les usines et syndicats des autres pays.
Hyundai a tenté d’empêcher la participation à la réunion. L’entreprise a refusé une visite de l’usine d’Ostrava et a tenté de saper la confiance qu’ont les syndicats les uns envers les autres en affirmant que les syndicats coréens avaient envoyé de fausses traductions de leur convention collective à leurs homonymes tchèques pour les tromper. Le Camarade Ha, Young-Chul, responsable automobile auprès du Syndicat des métallurgistes coréens KMWU, a fait un exposé expliquant l’hostilité de l’entreprise. Les relations sociales en Corée sont conflictuelles et le KMWU a dû mener une lutte longue et pénible pendant des années pour obtenir sa reconnaissance et une convention collective.
Gowrishankar Sundarajan, Secrétaire général du Syndicat des Travailleurs de Hyundai Motor India à Chennai, s’est joint à la réunion par vidéo-conférence et a expliqué que l’entreprise avait refusé l’autorisation à la délégation indienne de faire le voyage. Le plus gros problème est le recours croissant à des travailleurs précaires. Sur les 12.263 ouvriers et ouvrières de production, environ 4.000 sont des sous-traitants et 6.000 des stagiaires. Seuls 2.200 travailleurs et travailleuses ont un contrat permanent et bénéficient de négociations salariales.
L’assemblée a résolu de chercher à conclure un accord-cadre mondial (ACM) avec l’entreprise de sorte à renforcer le réseau et améliorer les conditions d’emploi sur tous les sites d’activité de l’entreprise. Le KMWU a indiqué qu’il était disposé à mener le combat en faveur d’un ACM, en sacrifiant d’autres problématiques pour en faire une revendication centrale lors de ses négociations collectives. Le Camarade Ha a déclaré :
“Nous devons nous assurer que le capital ne progresse pas plus vite que l’unité syndicale.”
La plupart des ACM relèvent d’entreprises européennes, en raison des accords qui découlent du dialogue social européen. La Corée n’a toujours pas ratifié quatre conventions fondamentales de l’OIT, dont celle relative à la liberté syndicale. Un ACM avec une entreprise coréenne marquerait un important précédent au niveau des relations sociales dans un contexte conflictuel. Le Directeur d’IndustriALL Global Union pour le secteur automobile, Georg Leutert a déclaré :
“Ceci n’était pas une réunion ordinaire. La décision de vouloir un ACM est la preuve que les travailleurs et travailleuses de Hyundai et Kia vont se montrer unis et se battre pour des droits universels.
“Le KMWU montre courageusement la voie en appelant à un ACM qui représenterait un progrès significatif pour les droits syndicaux dans la région.”