10 mai, 2016Les dirigeants de trois affiliés d’IndustriALL Global Union en Biélorussie ont dénoncé les violations répandues des droits syndicaux dans le pays au cours de leur rencontre avec la Secrétaire générale adjointe d’IndustriALL, Monika Kemperle, ce 29 avril dans la capitale Minsk.
Les dirigeants du Syndicat biélorusse des travailleurs de l’industrie de la radio et de l’électronique (REP), du Syndicat libre des métallurgistes et du Syndicat indépendant biélorusse des travailleurs des mines, de la chimie, des raffineries, de l’énergie, du transport, de la construction et des industries diverses ont révélé les conditions difficiles auxquelles sont confrontés les militants des syndicats indépendants en Biélorussie. Ces leaders syndicalistes ont aussi appelé à la solidarité en faveur des travailleurs persécutés par leurs directions en raison de leurs activités syndicales.
Un cas récent concerne Natalya Anikeyeva, une peintre de l’Usine de Tracteurs de Minsk (MTZ) et membre du syndicat REP. En février 2016, Natalya Anikeyeva a mis sur pied une section locale du REP chez MTZ.
Les travailleurs et travailleuses comptaient sur le soutien du syndicat pour obtenir des augmentations salariales et de meilleures conditions de travail. La section locale nouvellement créée a demandé à la direction d’entamer des négociations collectives pour amender la convention en termes de versement des salaires et de santé et sécurité. La direction ayant refusé de négocier, la section locale a envoyé un courrier au Ministre de l’Industrie.
Les salaires dépendent du nombre de pièces peintes au sein de l’usine. Si les peintres suivaient strictement les procédures techniques, ils ne gagneraient que l’équivalent de 77 euros par mois. Dès lors, de sorte à augmenter la production et leurs salaires, les travailleurs et travailleuses sont encouragés par la direction à violer les procédures et, en conséquence, à dégrader la qualité des produits.
Le Ministre de l’Industrie a inspecté l’usine et maintenant l’employeur essaie de se débarrasser de la militante syndicale en la transférant sur un autre site. Ses collègues sont amenés par la force à signer une lettre qui accuse Anikeyeva de rébellion. Mais Anikeyeva est convaincue que le but réel est de la mettre dehors pour ses activités syndicales. Elle craint que tous les travailleurs qui l’ont soutenue soient également mis à la porte.
Un autre cas concerne Mikhail Soshko, un militant syndical qui a travaillé à l’usine de peignage de Slonim pendant 30 ans et en a été licencié trois ans avant sa retraite, en contravention avec la convention collective. Ceux qui osent exprimer leur soutien à Soshko se sont aussi retrouvé sujets à la répression.
Le REP veut une attitude correcte de la direction envers les travailleurs, le respect du droit pour les travailleurs d’adhérer librement au syndicat et une solution juste sur la question des salaires.
Gennady Fedynich, Président du REP, a indiqué : "Nous devons mettre la pression sur la direction, par exemple en contactant les clients de MTZ à l’étranger. L’employeur devrait être rendu redevable de ses violations des normes internationales du travail.
Monika Kemperle a déclaré, “On ne peut tolérer que des entreprises ignorent les droits des travailleurs et affichent aussi peu de respect pour les législations du travail. IndustriALL va mettre en œuvre tous les outils possibles pour mettre fin aux violations des droits des travailleurs dans ces deux entreprises.”
Monika Kemperle s’est rendue en Biélorussie du 28 au 30 avril à l’invitation du Syndicat biélorusse des industries de la chimie, des mines et du pétrole, un autre affilié d’IndustriALL. Elle a pris part à la conférence internationale sur le thème “Interactions entre employeurs, autorités et syndicats sur la prévention des maladies, lésions et accidents professionnels et sur la création de conditions de travail respectueuses de la santé et de la sécurité”, où elle a présenté les conclusions d’une étude sur les pratiques mondiales en matière de santé et sécurité pour les femmes.
La situation en Biélorussie sera vraisemblablement examinée par l’OIT lors de la Conférence internationale du Travail qui se tient en juin à Genève.