2 octobre, 2018Le Conseil du Bangladesh d'IndustriALL a demandé un réexamen immédiat du nouveau salaire minimum qui, selon lui, ne répond pas aux attentes des travailleurs. Il réclame un doublement du nouveau taux.
Pour ce conseil, composé des affiliés bangladais d'IndustriALL Global Union, le salaire minimum de 8.000 takas (95 $) par mois ne suffit pas face au coût de la vie des travailleuses et travailleurs de l'habillement du Bangladesh. Il souligne que les loyers ont connu des hausses frisant les 50 pour cent et que les autres éléments du coût de la vie ont eux aussi augmenté.
Le nouveau salaire minimum a été annoncé le 13 septembre et devrait entrer en vigueur en décembre. Il augmente de 51 pour cent le salaire minimum actuel, qui avait été fixé en 2013 par le gouvernement en réaction à l'effondrement de l'immeuble Rana Plaza qui avait fait 1.130 morts dans les ateliers qu'il abritait.
Les syndicats refusent le taux proposé, affirmant qu'il devrait être doublé pour atteindre 16.000 takas (190 $). C'est ce qui est actuellement payé dans les usines d'État et les syndicats veulent que le salaire minimum soit au moins égal à cette référence officielle. Le 26 septembre, les travailleurs ont défilé à Dacca pour protester contre ce salaire et demander l'intervention du Premier ministre.
Aucun autre taux salarial n'a été annoncé à ce jour, mais le salaire minimum joue un rôle crucial parce qu'il constitue une référence de base pour tous les autres taux de salaires applicables à des millions de travailleurs en usine. Ceux-ci doivent faire des heures supplémentaires ou trouver d'autres compléments pour survivre. Les taux des heures supplémentaires, les primes de jours fériés, les prestations d'ancienneté et les pensions de retraite sont tous calculés sur base du salaire minimum.
Les syndicats veulent un accord salarial qui précise les taux d'autres catégories et qui ramène aussi leur nombre de sept à cinq. Ils réclament une politique par laquelle les travailleurs montent de catégorie après deux ans, une hausse des salaires des apprentis qui passeraient de 4.180 à 10.000 takas (de 49 à 118 $), et une réduction de la période de stage de six à trois mois. Le taux de rémunération à la pièce devrait être fixé avant que le travail commence, et il faudrait une augmentation du salaire minimum de dix pour cent par an afin de suivre l'inflation.
La Secrétaire générale adjointe d'IndustriALL Jenny Holdcroft déclare à ce propos :
"Cette décision montre une fois de plus l'incapacité du système de salaire minimum à assurer un salaire de survie aux travailleurs de l'habillement au Bangladesh. Une négociation collective sectorielle entre employeurs et syndicats s'impose d'urgence pour que soient fixées de commun accord et pour toutes les catégories de travailleurs des hausses de rémunération qui tiennent dûment compte de la hausse du coût de la vie."
L'an dernier, le Bangladesh a produit pour 30 milliards $ de vêtements pour la grande distribution mondiale. Cette industrie représente 80 pour cent des exportations du pays et emploie principalement des femmes. Les propriétaires d'usines bangladais se disent étranglés par les marques qui n'augmentent pas leurs taux.
En décembre 2016, le gouvernement bangladais a réprimé brutalement des travailleurs qui manifestaient pour leurs salaires et arrêté de nombreux dirigeants syndicaux.