9 juin, 2020Les syndicats indiens intensifient leur lutte contre l’incapacité du gouvernement Modi à protéger les intérêts des travailleurs pendant le confinement de la Covid-19 et ses attaques agressives contre les droits des travailleurs. Une journée de non-coopération est annoncée pour le 3 juillet.
Dans une déclaration du 5 juin, les centrales syndicales indiennes ont exprimé leur mécontentement face à l’incapacité du gouvernement Modi à assurer le paiement des salaires d’un grand nombre de travailleurs et à bloquer les licenciements pendant le confinement.
L’indifférence du gouvernement à l’égard du dialogue social avec les syndicats et son mépris des mesures suggérées par les syndicats pour protéger les travailleurs ont eu de graves conséquences sur eux.
Les syndicats revendiquent :
- un transfert d’argent liquide de Rs. 7.500 (99,5 dollars) à tous les ménages en dessous du niveau de l’impôt sur le revenu pour les mois d’avril, mai et juin
- le versement des salaires des travailleurs des moyennes, petites et microentreprises pour ces mêmes mois
- la distribution universelle de nourriture à toute la population active pendant au moins six mois
- des déplacements sûrs pour les millions de travailleurs migrants
On estime qu’environ 240 millions de travailleurs ont perdu leurs moyens de subsistance. Bien que les usines redémarrent leurs activités, beaucoup d’entre elles embauchent moins de travailleurs et réduisent leurs salaires.
L’OIT a averti qu’environ 400 millions de personnes pourraient être poussées dans une pauvreté encore plus grande. Les syndicats demandent un soutien accru au programme d’emploi rural afin de créer des possibilités d’emploi pour les millions de travailleurs migrants qui sont retournés dans leurs villages, ainsi qu’à des programmes similaires dans les zones urbaines.
Le gouvernement a profité de la pandémie pour introduire des modifications du droit du travail à caractère anti-ouvrier et pour annoncer des mesures politiques favorables au monde des affaires, notamment la privatisation d’entreprises du secteur public, dont beaucoup servent des intérêts nationaux essentiels, sont d’utilité publique et ont été créées avec d’énormes apports de fonds publics. L’annonce comprenait également des décisions concernant les prestations salariales de 4,8 millions d’employés du gouvernement central et de 6,8 millions de retraités.
Les syndicats soulignent que le plan de relance de 265 milliards de dollars du gouvernement est une cruelle plaisanterie aux dépens des travailleurs et travailleuses. Le plan de relance actuel est dérisoire et une grande partie de ce montant consiste en des garanties de prêts à divers secteurs.
Le Dr G. Sanjeeva Reddy, Président du Congrès national des syndicats indiens et membre du Comité exécutif d’IndustriALL, a déclaré :
“La gestion dénuée de sensibilité du gouvernement en matière de confinement et ses annonces de politique anti-ouvrières montrent qu’il ne respecte pas les droits des travailleurs et ne mérite pas leur coopération. Son inaction a causé une misère indescriptible pour des millions de travailleurs.
Après les manifestations massives dans tout le pays le 22 mai, nous intensifions maintenant nos protestations avec un appel à la non-coopération le 3 juillet, pour que le gouvernement réponde à nos revendications.”
Valter Sanches, Secrétaire général d’IndustriALL, a déclaré :
“Nous craignons que le gouvernement Modi profite de la pandémie pour s’attaquer aux droits des travailleurs. Les modifications du droit du travail anti-ouvrières doivent être retirées. Le gouvernement doit prendre des mesures urgentes pour protéger les moyens de subsistance de millions de travailleurs et engager un véritable dialogue social avec les syndicats pour trouver des solutions.
IndustriALL est solidaire du mouvement syndical indien et mènera des actions de solidarité internationale pour soutenir ses efforts.”
Le mouvement de non-coopération, avec les méthodes de protestation non-violentes de Ghandi, a été un jalon dans la lutte pour l’indépendance de l’Inde. Il a été lancé contre les réformes des dirigeants coloniaux avec la revendication de l’autonomie de l’Inde en 1920.
Les centrales syndicales INTUC, AITUC, HMS, CITU, AIUTUC, TUCC, SEWA, AICCTU, LPF et UTUC ainsi qu’un grand nombre de fédérations et d’associations participeront au mouvement du 3 juillet.