4 octobre, 2023La Confédération Syndicale des Forces Productives (COSYFOP), centrale syndicale nationale algérienne, s’inquiète vivement de l’utilisation abusive des lois antiterroristes à l’encontre des dirigeants syndicaux.
“Les accusations injustes et sans fondement de terrorisme contre nos dirigeants, Hamza Khroubi et Nasreddine Hamitouche, reflètent une tendance inquiétante à vouloir étouffer la parole syndicale en Algérie. La COSYFOP condamne l’utilisation abusive de l’article 87BIS du code pénal algérien et souligne des cas précédents, tels que celui de Ramzi Dardar, comme preuve d’une tendance inquiétante. Nous nions toute association avec des mouvements terroristes,”
a indiqué la COSYFOP dans un communiqué du 20 septembre 2023.
Les préoccupations de la COSYFOP font écho aux conclusions du Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association, Clément Nyaletsossi Voule, qui a conclu une visite officielle en Algérie le 26 septembre.
Reconnaissant les mesures positives prises par le gouvernement algérien pour protéger la liberté de réunion et d’association, telle qu’elle est inscrite dans la Constitution de 2020, M. Voule a souligné les restrictions sévères imposées au cours des quatre dernières années. La société civile indépendante a été démantelée, le pluralisme politique réduit et des défenseurs des droits de l’homme, des militants et des journalistes ont été emprisonnés.
Nous vous invitons à consulter le rapport de Clement Nyaletsossi Voule, Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association, appelant l’Algérie à gracier les manifestants condamnés.
Ces préoccupations ont pour toile de fond les réformes controversées du droit du travail adoptées par le parlement algérien en avril, qui ont suscité l’indignation des syndicats. Cette législation, qui prétendait renforcer les activités syndicales et protéger les droits des travailleurs, s’est heurtée à une forte opposition. Les syndicats, dont la COSYFOP, ont fait valoir que la loi restreignait gravement les droits des travailleurs et revenait sur les progrès accomplis depuis les années 1990. Depuis 2019, année marquée par de nombreuses manifestations, les syndicats ont participé activement aux discussions politiques et aux mobilisations. Cependant, la récente loi a déclenché des controverses et des protestations en raison de son atteinte aux libertés.
La COSYFOP avait déjà fait part de ses préoccupations à la Commission d’experts, en soulignant les problèmes liés au droit à la syndicalisation et aux violations commises par le gouvernement. En outre, elle a demandé une intervention pour la libération de son membre, Bennouna Abdeldjabbar, condamné à 18 mois de prison pour avoir prétendument publié des contenus sur les médias sociaux qui portaient atteinte à la sécurité nationale. La Commission a confirmé avoir reçu la communication et l’avoir transmise au gouvernement algérien pour qu’il y réponde. L’organisation attend que la Commission examine les observations et la réponse du gouvernement lors de sa session de novembre.
Des organisations comme Human Rights Watch continuent d’appeler le gouvernement algérien à entreprendre des réformes, en sauvegardant les droits des Algériens à la liberté d’expression et à l’organisation pacifique.
“Ces tendances, y compris l’utilisation abusive des lois antiterroristes pour cibler les syndicalistes, soulignent l’importance de sauvegarder les droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses et le rôle crucial que jouent les syndicats dans la défense de ces droits. Nous demandons instamment au gouvernement algérien de faire respecter les normes internationales du travail, de respecter le droit de réunion et d’association pacifiques et de garantir un traitement équitable à tous les travailleurs et travailleuses,”
a déclaré Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL.