26 novembre, 2020Les affiliés africains d’IndustriALL Global Union ont intensifié leur campagne en faveur de l’industrialisation de l’Afrique ce 20 novembre, à l’occasion de la journée que les Nations unies y consacrent. Un webinaire auquel ont assisté 60 participants de 16 pays en a été la dernière étape après une série d’actions menées tout au long de l’année, notamment les récentes conférences nationales sur l’industrialisation au Ghana, au Kenya, au Nigeria et en Ouganda.
Le webinaire a souligné que l’industrialisation de l’Afrique devrait inclure de multiples parties prenantes, notamment les investisseurs, les gouvernements, les syndicats, les employeurs, les organisations de la société civile et les communautés locales. Le webinaire est convenu que cette inclusion gagne à être coordonnée par des politiques industrielles durables qui mettent en avant le rôle des parties prenantes.
De cette façon, l’histoire de l’Afrique en tant que lieu de pauvreté pourrait évoluer en celle d’un continent riche en ressources et qui se développe. En outre, les réponses aux ravages de la pandémie de Covid-19 sur l’emploi pourraient servir à faire croître les économies grâce à des plans de relance, tandis que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) offrirait la possibilité de créer des millions d’emplois. Parmi les autres facteurs à prendre en compte dans l’élaboration des politiques figurent le changement climatique et la Transition juste, ainsi que l’adoption de nouvelles technologies par le biais de l’automatisation et de l’intelligence artificielle apportées par la quatrième révolution industrielle.
Parmi les participants figuraient des représentants de la Banque africaine de développement et d’organisations de la société civile, telles que le Third World Network Africa et l’Institut de recherche sur le travail et le développement économique du Zimbabwe (LEDRIZ) ainsi que le Réseau régional pour l’équité et la santé en Afrique orientale et australe (EQUINET).
En ce qui concerne la ZLECA, des appels ont été lancés en faveur d’un changement de mentalité vers d’une approche plus axée sur le développement qui évite les politiques contestées de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les participants à la réunion se sont entendus dire que les politiques de libéralisation du commerce de l’OMC ne profitaient pas aux économies africaines.
En outre, les économies africaines sont plus intégrées au plan mondial qu’elles ne sont au niveau du commerce local et pour que le développement ait lieu, leur modèle économique dépendant de l’exportation de matières premières doit être modifié. Il faut également imposer des conditions aux investissements afin de protéger les droits et les intérêts des travailleurs.
Le webinaire a débattu du fait que le rôle du commerce est d’intégrer la production et les marchés. Par exemple, l’importation de tomates bon marché d’Italie pour les usines de transformation du Ghana a détruit le marché local. Il a été recommandé que les pays restent vigilants en matière d’investissements, de propriété intellectuelle et de commerce électronique. Par exemple, la proposition faite à l’OMC par l’Afrique du Sud et l’Inde sur les vaccins Covid-19 a été saluée.
Pourquoi est-il moins cher d’acheter des tomates italiennes au Ghana que des tomates locales ?
Comment l’Afrique peut-elle renforcer sa capacité industrielle alors qu’il est moins cher d’importer de l’étranger des marchandises subventionnées et faisant l’objet d’un dumping ?
Tetteh Hormeku-Ajei pose des questions importantes. #ALLAfrica
À suivre ici : https://t.co/ZPFuRC1Vcf pic.twitter.com/XluAFcSAOU
IndustriALL (@IndustriALL_GU) 20 novembre 2020
Le webinaire a accordé une attention particulière à la Vision pour l'industrie minière en Afrique (VMA), un plan d’action important pour renforcer les liens entre l’exploitation minière et l’industrialisation tout au long des chaînes de valeur nationales et régionales. En outre, l’exploitation minière a bénéficié aux travailleurs, aux communautés et à la société en général. Cependant, il est nécessaire d’améliorer la gouvernance des ressources et le respect des droits de l’homme et des travailleurs. Pour être efficace, la VMA doit être mise en œuvre, il convient de mieux assumer le fait de devoir rendre des comptes et les manquements en termes d’appropriation des ressources doivent être résolus. La santé et la sécurité dans les mines restent essentielles et la ratification de la Convention 176 sur la santé et la sécurité dans les mines est importante. Il convient également de reconnaître et de soutenir l’exploitation minière artisanale et à petite échelle.
Valter Sanches, Secrétaire général d’IndustriALL, a déclaré :
“En tant que syndicats, nous devons faire pression sur les gouvernements pour qu’ils utilisent les revenus des ressources minières pour s’industrialiser. Nous ne pouvons pas continuer à être des producteurs de produits agricoles, de ressources pétrolières et gazières et de produits miniers rares utilisés pour fabriquer des batteries, des véhicules électriques et des smartphones. Nous devons produire des biens manufacturés et exploiter les possibilités qui nous sont offertes pour une reprise après la pandémie de Covid-19.”
Le secteur automobile a été cité comme ayant le potentiel de créer du travail décent. Selon une étude d’IndustriALL et du Centre de compétence syndicale pour l’Afrique subsaharienne de la Fondation Friedrich Ebert, le secteur peut attirer des investissements durables.
Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, a déclaré :
“Nous continuerons à solliciter l’engagement politique de l’Union africaine, de la ZLECA, de la BAD et des organisations de la société civile en faveur de l’industrialisation de l’Afrique. À cet égard, les syndicats continueront à recevoir un soutien pour renforcer leur capacité à s’engager dans des politiques industrielles durables. Les secteurs de l’automobile, de l’énergie, de l’exploitation minière et de l’énergie, le textile, la confection, la chaussure et le cuir sont importants pour le décollage de l’industrialisation.”
Première partie du webinar :
Deuxième partie du webinar :