23 juillet, 2020Les syndicats nigérians sont optimistes quant au fait que le gazoduc Ajaokuta-Kaduna-Kano, dont la construction est en cours, contribuera aux efforts d’industrialisation et de développement économique du pays.
Le 30 juin, le Gouvernement fédéral nigérian a annoncé le démarrage de la construction d’un gazoduc de 614 km de long.
Le syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz naturel (NUPENG) et l’Association des cadres du pétrole et du gaz naturel (PENGASSAN), tous deux affiliés à IndustriALL Global Union, considèrent ce projet de développement comme une opportunité de créer des emplois décents et de réduire les niveaux élevés de chômage. Selon le Bureau national de la statistique du pays, le chômage, qui dépasse 23%, affecte 21 millions de personnes, et le sous-emploi, qui atteint 20,1%, concerne 18 millions de travailleurs. Est considérée comme sous-employée toute personne qui travaille moins de 40 heures par semaine.
Le gouvernement et l’entreprise publique Nigeria National Petroleum Corporation ont déclaré que le gazoduc fournira du gaz pour la production d’électricité et stimulera la création de nouvelles industries dans les villes de Kogi, Niger, Kaduna et Abuja. Ces nouvelles industries devraient créer des milliers d’emplois locaux, permettre le transfert de technologies et promouvoir la fabrication locale. Le gazoduc profitera également aux industries existantes qui fonctionnent au gaz.
La construction s’inscrit dans le cadre des « Nouvelles routes de la Soie » lancée par la Chine, où les investissements énergétiques sont financés par l’initiative « une ceinture, une route » ou Belt and Road Initiative (BRI) à laquelle le Nigeria a adhéré en 2019. Grâce à cette initiative, la Banque de Chine et Sinosure (agence chinoise de crédits à l’exportation) financeront le gazoduc à hauteur de 2,8 milliards de dollars. L’exécution des travaux sera confiée à des entreprises chinoises de construction et d’ingénierie, et au partenaire nigérian Oilserve, une société pétrolière et gazière.
La production nationale actuelle de 7 000 mégawatts n’est pas suffisante pour répondre aux besoins domestiques et industriels du Nigeria. Il est attendu que le gazoduc comblera le déficit en ajoutant 3 600 mégawatts au réseau national. Une fois le projet achevé, 2,2 milliards de pieds cubes de gaz seront produits quotidiennement, d’après le gouvernement.
Le gazoduc sera relié au gazoduc transsaharien qui exportera le gaz naturel vers l’Europe. Alors que les réserves de pétrole du Nigeria ne devraient pas être épuisées avant trois ou quatre décennies, les importants gisements de gaz permettront une diversification économique.
Lumumba Ogbawa, Secrétaire général de PENGASSAN, a indiqué:
"Nous saluons ce projet de développement. Le gaz est l’avenir du Nigeria et nous apprécions les efforts du gouvernement comme celui-ci pour promouvoir le développement. Le gazoduc de 600 km de long, qui reliera Ajaokuta à Kano, traversera plusieurs communautés et créera des emplois au fur et à mesure de la phase de construction. Ce projet permettra, comme nous le réclamons, de diversifier l’économie. Il s’agit d’un développement stratégique opportun."
Diana Junquera Curiel, Directrice chargée du secteur énergétique à IndustriALL, a déclaré:
"Le gaz naturel sera la principale source d’énergie dans la transition énergétique des combustibles fossiles aux énergies vertes. Il devrait permettre de développer l’économie du pays et d’améliorer les moyens de subsistance des travailleurs et des communautés grâce à la création d’emplois décents. C’est aussi une source importante d’énergie pour les ménages et les entreprises. Nous espérons que ce gazoduc répondra aux attentes."
Photo : Construction d’un gazoduc sur l’île Snake, au Lagos. Photo CC par Alex Aghomi.