19 juillet, 2023Du 26 juin au 3 juillet, journées de célébration de l’indépendance de Madagascar, les communautés des villages entourant le site minier de Mandena à Toalagnaro (Fort Dauphin), filiale de Rio Tinto, QIT Madagascar Minerals (QMM), ont protesté contre l’insuffisance des compensations financières pour la perte de leurs moyens de subsistance, la pollution de l’eau et l’exclusion des communautés riveraines des consultations lors du renouvellement du permis d’exploitation minière par le gouvernement. Pour disperser les manifestants, la police et la gendarmerie ont fait un usage disproportionné de la force, ce qui a entraîné des blessures pour dix manifestants et l’arrestation et l’emprisonnement de plus de quatre-vingts personnes, dont cinq syndicalistes.
QMM, détenue à 20 % par l’État malgache et à 80 % par Rio Tinto, exploite l’ilménite, qui sert à fabriquer du dioxyde de titane, utilisé dans les peintures, les encres, les tissus, les plastiques, le papier et d’autres produits. La communauté affirme avoir perdu les moyens de subsistance que lui procuraient les forêts, notamment la nourriture, l’eau, les abris et les médicaments. En outre, il est désormais extrêmement difficile de pêcher du poisson dans la lagune en raison des activités minières.
Le Syndicat des Métallos USW, qui représente 850.000 membres au Canada et aux États-Unis et a établi des partenariats étroits avec les syndicats malgaches Syndicalisme et Vie des Sociétés (SVS) et Sendika Kristanina Malagasy (SEKRIMA), qui représentent les travailleurs et travailleuses de QMM, a déclaré que ces manifestations “s’inscrivent dans le contexte d’autres épisodes de troubles civils qui ont été, dans le passé, alimentés par ce qui est perçu comme un manque d’efforts de la part de Rio Tinto pour entamer des consultations ou un dialogue significatif avec les communautés affectées”.
Marty Warren, Directeur national des Métallos USW pour le Canada, a indiqué :
“Notre syndicat condamne fermement ce que nous considérons comme des attaques ciblées contre des militants syndicaux et donc contre la liberté syndicale et le droit de manifester. Les actions de la police malgache envoient un message clair de peur et d’intimidation aux travailleurs et travailleuses qui souhaitent exercer leurs droits dans un contexte déjà difficile pour la syndicalisation”.
L’USW souhaite également que le gouvernement abandonne les mandats d’arrêt contre Eugène Chrétien et Laurent Manjary et qu’il “ouvre des canaux de communication avec les manifestants afin de trouver une solution pacifique et durable à ce conflit en cours”.
Glen Mpufane, Directeur de la section des mines d’IndustriALL, a déclaré :
“Nous réitérons nos appels en faveur d’approches pacifiques et non-conflictuelles pour répondre aux préoccupations sincères de la communauté riveraine et des syndicats de QMM concernant les effets néfastes de l’exploitation minière à Fort Dauphin. L’engagement dans un dialogue social est nécessaire pour que les parties prenantes trouvent une solution à l’amiable. Cependant, l’intimidation, les arrestations et l’emprisonnement sont préjudiciables à la résolution des conflits communautaires et sociaux”.
Le partenariat entre l’USW et les syndicats de Madagascar est ancré dans un projet visant à renforcer les capacités internes des syndicats malgaches en matière de stratégies de syndicalisation, de formation, de droits des travailleurs et de droits de l’homme ainsi que de syndicalisme efficace. L’USW et SEKRIMA sont affiliés à IndustriALL.