26 septembre, 2023La reconstruction de l’Ukraine, la nécessité de rémunérations équitables dans un contexte de crise du coût de la vie et l’élaboration de plans clairs, socialement justes et inclusifs pour décarboniser le secteur de l’acier sont autant de questions soulevées par les organisations syndicales TUAC, IndustriALL Global Union et industriAll Europe lors de la réunion du Comité de l’acier de l’OCDE.
Une importante délégation syndicale de 15 pays a participé à la réunion du Comité de l’acier de l’OCDE à Paris ces 25 et 26 septembre. Cette réunion s’est penchée sur les préoccupations et les défis croissants auxquels sont confrontés les travailleurs et travailleuses du secteur, portant notamment sur les bas salaires, la qualité de l’emploi, la santé et la sécurité ainsi que la nécessité de protéger l’emploi alors que le secteur se prépare à la décarbonisation et à l’acier vert.
En ce qui concerne l’Ukraine, la discussion a porté sur le rôle de l’OCDE dans le soutien à la reconstruction du pays après la fin de la guerre. La délégation ukrainienne a présenté son “Plan Marshall vert” pour les secteurs du fer et de l’acier et le TUAC a souligné l’importance du dialogue social et de l’implication des syndicats dès les premières étapes du plan, afin de s’assurer que les travailleurs et travailleuses ne soient pas laissés pour compte.
Veronica Nilsson, Secrétaire générale du TUAC, a déclaré :
“Le plan Marshall avait montré à son époque l’importance d’impliquer les syndicats dans les décisions relatives au déploiement des ressources pour la reconstruction au profit des travailleurs et travailleuses européens et de leurs familles. Le gouvernement ukrainien doit s’inspirer de cette leçon, en veillant à ce que les points de vue des travailleurs et travailleuses ukrainiens soient reflétés dans le plan de reconstruction et à ce que les conditions sociales, la négociation collective et la liberté syndicale soient respectées en tant qu’ingrédients essentiels de la reconstruction de l’Ukraine”.
Le marché mondial de l’acier est confronté à de profonds défis. D’une part, la production et la consommation sont en baisse, en raison de la hausse des prix et de l’augmentation des taux d’intérêt qui freinent les investissements. D’autre part, de nombreux pays d’Asie, du Moyen-Orient et d’Afrique insistent sur l’expansion de leur capacité de production, ce qui entraîne une augmentation continue de la surcapacité mondiale de production d’acier. En outre, la crise du coût de la vie a exercé une pression supplémentaire sur les sidérurgistes, dont les salaires n’ont pas suivi l’inflation, alors que leurs tâches sont exigeantes et parfois exercées au péril de leur vie.
Christine Oliver, Secrétaire générale adjointe d’IndustriALL Global Union, a ainsi commenté la rencontre ;
“Les syndicats s’opposent fermement à la réduction des coûts au détriment du bien-être des salariés et de l’environnement. Compte tenu des bénéfices et des dividendes substantiels enregistrés dans le secteur de l’acier au cours des derniers trimestres, il est plus que temps que les multinationales du secteur consacrent des investissements importants à des salaires équitables, à l’amélioration des conditions de travail, à la santé et à la sécurité, au développement des compétences de la main-d’œuvre et à la décarbonisation”.
La nécessité de réduire l’empreinte carbone de l’industrie sidérurgique constitue un défi urgent, mais aussi un autre facteur d’incertitude pour le marché de l’acier et l’emploi dans le secteur. Les syndicats ont insisté pour qu’une transition socialement juste soit incluse dans le mandat du Comité de l’acier, qui doit être révisé, et ont souligné que les politiques d’investissement et de requalification ne suffiront pas à préserver les niveaux d’emploi et à garantir des emplois décents dans le secteur à tous les sidérurgistes. Les gouvernements de l’OCDE ont été invités à jouer leur rôle en mettant en place une politique industrielle et des plans de développement économique adéquats, ainsi qu’une protection sociale, afin d’assurer une transition écologique durable et un avenir aux sidérurgistes et à leurs familles.
Judith Kirton-Darling, Co-secrétaire générale faisant fonction d’industriAll Europe, a conclu :
“Il est important d’évaluer les besoins futurs en matière de compétences pour se préparer à la double transition verte et numérique, mais il faut aller beaucoup plus loin pour garantir une transition juste. Les syndicats appellent à une cartographie de l’emploi et à des discussions approfondies entre les syndicats, les employeurs ainsi que les autorités régionales et nationales pour s’assurer que personne ne soit laissé pour compte. Les métallurgistes sont au cœur de la transition vers une industrie sidérurgique décarbonisée et ils doivent être impliqués dans ce processus du début à la fin”.
La réunion a malheureusement coïncidé avec le décès du Président international du syndicat des Métallos USW, Tom Conway, une voix importante au sein du mouvement syndical et un fervent défenseur du commerce équitable dans l’intérêt des travailleurs. Le Comité de l’acier s’est souvenu de son travail et de l’héritage qu’il nous laisse, tandis que la délégation américaine a reconfirmé l’engagement de son gouvernement à collaborer avec les syndicats.