10 février, 2014Les manifestations de rue dominent en Ukraine, depuis novembre 2013, à la suite du refus du président de signer un accord d’association avec l’Union européenne. Voici les premiers commentaires des affilés ukrainiens de IndustriALL:
“Nous vivons une crise politique en Ukraine qui pourrait aboutir à une crise économique et provoquer une nouvelle baisse du niveau de vie des travailleurs et travailleuses,” avertit Grigory Olkhovets, coordonnateur de IndustriALL Global Union en Ukraine et président du syndicat des travailleurs de la radio, de l’électronique et de l’ingénierie mécanique d’Ukraine (REMEWU).
Les manifestations en Ukraine ont pris de plus en plus d’importance après la dispersion violente, le 30 novembre 2013, des manifestants sur la place de l’indépendance au centre de Kiev. L’immeuble où se situe la maison des syndicats, et où le REMEWU a ses bureaux, qui se dresse sur la place de l’indépendance a été le premier à être occupé par les manifestants le 1er décembre 2013.
"Les manifestants sont entrés pour avoir chaud. Ils ont utilisé les toilettes, le réfectoire et ont installé un centre de premier secours,” explique Olkhovets, en ajoutant que les syndicats ont été d’accord pour laisser une partie des bureaux aux manifestants. “Toutefois, ces derniers ont commencé dernièrement à occuper d’autres bureaux. La nuit, ils dorment à même le sol dans les couloirs (mais) les rapports sont OK. Nous avons pensé que ces inconvénients ne dureraient pas longtemps dans l’immeuble. Mais deux mois se sont écoulés. Il est maintenant clair que personne ne peut dire combien de temps cette situation se maintiendra.”
“L’opinion sur les manifestations est divisée”, affirme Vasily Dudnik, membre du Comité exécutif de IndustriALL Global union et président du syndicat des travailleurs des machines agricoles et de l’automobile d’Ukraine (AAMWU). “Dans l’ouest du pays, les syndicats locaux soutiennent les évènements et participent aux manifestations. Dans l’est et le sud, les syndicats soutiennent le droit de manifester, sans pour autant croire qu’il doive engendrer des affrontements violents,” ajoute-t-il.
"Les syndicats locaux décident eux-mêmes de ce qu’ils doivent penser des évènements et d’y participer ou non,” dit Dudnik. “Il est certain qu’une telle division dans la société a un effet négatif sur l’unité syndicale, et nous faisons de notre mieux pour empêcher une scission syndicale qui aurait, en fin de compte, un effet malheureux sur les travailleurs et travailleuses, indépendamment de leurs opinions politiques.”
Dudnik croit que “l’accumulation de graves problèmes sociaux est la raison profonde des manifestations. Notre syndicat soutient l’intégration de l’Ukraine à l’UE et reconnaît que les citoyens et citoyennes d’Ukraine ont le droit de défendre leurs revendications par diverses actions de protestation. La durée de la confrontation en cours dépendra fortement de la volonté politique des deux parties. La situation empire du fait que les protestations, qui étaient à l’origine pro-européennes, ont pris la forme d’une course vers le pouvoir en Ukraine".
Mikhail Volynets, président du syndicat indépendant des mineurs d’Ukraine (NPGU) soutient les manifestations pour d’autres raisons: "Le NPGU et la KVPU (confédération des syndicats libres d’Ukraine) prend une part active aux manifestations pacifiques qui expriment des revendications sociales et économiques. Le NPGU et la KVPU veulent de la transparence sur les questions concernant l’industrie charbonnière et le paiement des arriérés sociaux. Les salariés appartenant à Lviv Coal Concentration Plant, un affilé du NPGU, n’ont pas encore reçu leurs salaires et leurs prestations sociales pour un trimestre entier de l’année dernière".
IndustriALL Global Union exprime sa solidarité avec la lutte des travailleurs et travailleuses d’Ukraine pour la défense de leurs intérêts sociaux et économiques, et espère qu’une solution rapide et pacifique sera trouvée à la crise politique en Ukraine.