20 avril, 2022Les conférences nationales de négociation donnent aux négociateurs et délégués syndicaux l’occasion d’analyser et d’élaborer des stratégies de négociation. Pour les métallurgistes, il s’agit également d’occasions de se former et de partager des connaissances pour les négociateurs et les délégués syndicaux expérimentés qui se lancent pour la première fois dans l’importante tâche syndicale qu’est la négociation collective.
L’affilié d’IndustriALL Global Union, le NUMSA, Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud, a organisé une telle conférence nationale de négociation du 11 au 13 avril à Boksburg, près de Johannesburg, afin de discuter de la stratégie de négociation des métallurgistes pour le cycle de négociations de 2022. Cette conférence s’est concentrée sur les salaires vitaux, les avantages sociaux et les conditions d’emploi.
La conférence a réuni 288 délégués des secteurs où le NUMSA est présent, notamment l’automobile, les composants automobiles, les garages et la manufacture de pneus. Les autres secteurs clés sont le celui de l’énergie, qui concerne les travailleurs et travailleuses de la compagnie d’électricité Eskom, ainsi que ceux des métaux et de l’ingénierie. Les accords internes, dans le cadre desquels le syndicat a autorisé certaines entreprises à négocier des accords internes distincts, en dehors des négociations sectorielles, ont également été abordés.
Des intervenants de la conférence, issus du département des ressources minérales et de l’énergie, de l’institut de statistique d’Afrique du Sud et d’institutions de recherche, dont celle chargée des stratégies de politiques commerciales et industrielles, ont présenté le contexte social et économique du pays et ses implications pour les négociations collectives.
La conférence nationale de négociation a formulé des recommandations pour les différents secteurs. Par exemple, dans le secteur de l’automobile, la conférence a conclu que la transition du moteur à combustion interne vers les véhicules électriques ne devait pas entraîner de pertes d’emplois, mais devait au contraire protéger les intérêts des travailleurs et travailleuses conformément aux politiques gouvernementales, notamment le plan directeur automobile 2025. En outre, l’approvisionnement local de certains composants reste essentiel à la survie de certaines industries de la chaîne de valeur.
En ce qui concerne la Transition juste, le syndicat affirme qu’elle doit se faire de manière durable et abordable financièrement, en tenant compte du mix énergétique du pays (charbon, nucléaire et énergies renouvelables). En outre, les centrales au charbon ne doivent pas être fermées sans garanties de sécurité de l’emploi et sans un plan de Transition juste qui protège les travailleurs et travailleuses ainsi que les droits de l’homme. La conférence a exhorté Eskom à mettre fin aux coupures de courant qui ont entraîné des pertes énormes pour l’économie.
En ce qui concerne les entreprises publiques, la conférence a recommandé des augmentations de salaires permettant de compenser une inflation d’au moins 7 % chez Eskom, tandis que les arriérés de salaires devraient être payés aux travailleurs et travailleuses de South Africa Airways et de Denel. La conférence a rejeté la privatisation des entreprises d’État, arguant qu’elles produisaient des biens publics.
Dans le secteur de l’acier et de l’ingénierie, le syndicat a déclaré que le plan directeur de l’acier devait être préservé afin de promouvoir le domaine des fabrications et de mettre fin à la désindustrialisation du secteur, qui entraîne des pertes d’emplois.
Irvin Jim, Secrétaire général du NUMSA, a déclaré :
“Cette conférence est une plate-forme qui nous permet de débattre non seulement de la manière dont nous devons nous positionner sur le plan organisationnel, mais aussi de la manière dont nous envisageons la syndicalisation et la mobilisation au-delà de ce cycle de négociations, afin de consolider le pouvoir de négociation des travailleurs et travailleuses.
La tâche de la conférence nationale de négociation est de repositionner en permanence les stratégies de négociation du NUMSA par rapport à notre implication dans la quatrième révolution industrielle qui va au-delà la mondialisation au niveau de la restructuration du lieu de travail. Cependant, la mise en œuvre des dernières technologies en ne tenant pas compte de la Transition juste et de l’avenir du travail menace les emplois existants.”
“Les discussions animées qui ont eu lieu lors de cette conférence nationale sur la négociation montrent que le NUMSA s’inscrit dans la transformation du monde du travail et veille à ce que ses délégués soient armés de compétences de négociation et puissent utiliser efficacement les technologies numériques pour comprendre les tendances du secteur et d’autres informations essentielles sur les chaînes d’approvisionnement complexes. Cette approche dynamique est essentielle à la négociation collective et garantit que les travailleurs et travailleuses conservent leurs avantages et un salaire décent,” a indiqué Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne.