9 mars, 2015Les syndicats de métallurgistes aux Philippines vont prendre pour cible les fournisseurs des entreprises qui enfreignent les droits des travailleurs et travailleuses dans le pays.
Une campagne destinée à frapper les fournisseurs sans scrupules a été lancée le 3 mars par l’affilié de IndustriALL Global Union, l’alliance des métallurgistes des Philippines (PMA) qui travaillera en partenariat avec l’alliance des manœuvres et des jeunes (ALAY), un mouvement d’étudiant(e)s qui lutte pour la défense des droits des travailleurs et travailleuses chez Katolec Philippines, Moriroku, Sohbi Kohgei et Young Shin Tronics.
Trois des fournisseurs - Katolec Philippines, Moriroku et Sohbi Kohgei sont situés dans des zones économiques spéciales, connues pour leurs politiques antisyndicales de triste renommée.
La campagne vise à appeler l’attention sur le harcèlement qui sévit et sur les infractions à la législation du travail par les entreprises.
Les témoignages des dirigeants syndicaux font état d’un système où les infractions continues aux droits des travailleurs/euses sont commises avec impunité: “Comme si ces entreprises étaient protégées par un rideau spécial qui leur permet même d’ignorer les décisions des tribunaux,” a dit un représentant de la PMA.
“Katolec Philippines refuse de reconnaître notre syndicat et de négocier collectivement pour une amélioration des clauses et conditions, malgré notre victoire convaincante obtenue avec l’homologation du second tour de l’élection. À la place, l’entreprise m’a écarté de la direction du syndicat,” a dit le président du syndicat de Katolec Philippines (KAPLU), Fermin Galicia.
Les larmes aux yeux, une femme membre du conseil du KAPLU a insisté pour dire que tout ce que veulent les travailleurs et travailleuses c’est d’avoir de meilleurs salaires pour vivre et d’obtenir une amélioration des conditions de travail: “Je travaille dans l’entreprise depuis 12 ans et durant tout ce temps, j’ai seulement reçu un salaire insuffisant, bien loin de ce qu’il faudrait pour avoir une vie décente,” dit-elle en se lamentant.
Chez Moriroku aux Philippines, le harcèlement et l’intimidation des salariés a commencé dès la création du syndicat, en s’attaquant en premier lieu aux responsables syndicaux. “Tout ce que nous savons, c’est que nous n’avons commis aucune infraction ni aucun acte illégal, nous voulons seulement exercer notre droit de constituer un syndicat,” a dit le président du syndicat Moriroku des métallurgistes aux Philippines, Joseph Aplicador. Mais cette affirmation est tombée dans l’oreille d’un sourd à la direction du fait que le président et le vice-président ont tous deux été mis à pied.
“Young Shin Tronics, un fournisseur de Samsung, ne comprend vraiment rien. Tout ce que les salariés veulent, c’est d’avoir un syndicat pour représenter leurs intérêts,” a dit Aplicador. “Les gens dans l’entreprise commencent seulement à réaliser qu’il est difficile pour eux de combattre individuellement, de se battre pour leurs droits et d’avoir de meilleures prestations, et c’est pourquoi la décision a été prise d’agir collectivement,” a-t-il ajouté.