6 janvier, 2022En octobre 2021 a débuté la négociation collective sectorielle entre les organisations syndicales et l'Association des employeurs turcs de la métallurgie MESS, qui concerne 142.000 travailleurs de plus de 300 entreprises. Depuis la mi décembre, les métallos mènent des actions pour amener les employeurs à accepter leurs revendications sur toile de fond de crise économique en Turquie.
Les affiliés d'IndustriALL Türk Metal, Birleşik Metal-İş et Özçelik-İş ont adressé à la MESS un cahier de revendications pour une amélioration des conditions de travail et des hausses de salaires afin de compenser la forte baisse du pouvoir d'achat en Turquie.
L'inflation des prix à la consommation a fait un bond en avant en Turquie. D'après les chiffres officiels de l'Office turc de statistique (TUIK), l'inflation a atteint 36 pour cent en 2021, et 13,6 pour cent pour le seul mois de décembre. Or, l'organisme indépendant ENAGrup affirme pour sa part que l'inflation annuelle a dépassé les 80 pour cent.
La crise de l'économie turque a entraîné des fluctuations de la devise et des hausses de prix qui ont plongé les travailleurs dans une situation difficile. Ils ressentent durement le renchérissement des denrées alimentaires et autres produits de consommation courante.
Türk Metal réclame une hausse de 29,57 pour cent pour ses 129.000 adhérents, tandis que Birleşik Metal-İş demande 30,89 pour cent pour ses adhérents qui sont plus de 11.000. Les syndicats veulent aussi des hausses des prestations et de meilleurs horaires de travail, soins de santé et primes d'heures supplémentaires.
Dans un premier temps, les employeurs ont proposé 12 pour cent pour les six premiers mois, une offre qu'ils ont ensuite revue à 17 pour cent puis portée à 21 pour cent lors du dernier cycle, le 5 janvier 2022. Türk Metal et Birleşik Metal-İş ont rejeté les dernières offres de la MESS.
Les deux syndicats ont commencé à mobiliser leurs membres avec des actions d'avertissement. Türk Metal et Birleşik Metal-İş ont organisé des rassemblements de masse dans les villes comptant des usines, ainsi que des arrêts de travail sur des sites de production. Les revendications des métallos jouissent d'un large soutien dans la communauté.
Pour les syndicats, le problème de la pénurie mondiale de semi-conducteurs, qui met de nombreuses industries en difficulté, ne peut servir d'excuse aux employeurs pour refuser les augmentations de salaires.
Après la réunion de son comité exécutif du 24 décembre, Türk Metal a annoncé sa décision d'entrer en grève dans les 60 jours sur tous les sites où il est représenté. Birleşik Metal-İş a annoncé une action de grève dans quatre usines à dater du 14 janvier et une autre dans six usines à partir du 18.
Türk Metal a organisé un grand rassemblement de 100.000 personnes dans la ville de Kocaeli, tandis que Birleşik Metal-İş a intensifié sa campagne d'arrêts de travail et d'actions de protestation sur plusieurs sites.
Le secrétaire général adjoint d'IndustriALL Global Union Kemal Özkan a déclaré :
"Nous appuyons sans réserve les revendications de nos affiliés représentant des milliers de métallos. Les demandes de hausses salariales des travailleurs sont totalement justifiées, surtout avec l'inflation galopante et la situation économique difficile que connaît la Turquie."
"Nous continuerons à mobiliser notre famille syndicale mondiale en apportant notre solidarité aux camarades turcs."
"Le combat continue en Turquie et partout dans le monde."