26 janvier, 2016Trois syndicats mondiaux posent un regard critique sur le gouvernement du Bangladesh qu'ils accusent de ne pas respecter un pacte conclu avec l'Union européenne dans la foulée de la catastrophe du Rana Plaza.
En avril 2013, plus de 1.110 travailleurs avaient perdu la vie dans l'effondrement d'un immeuble abritant des ateliers de confection. Le Pacte sur la durabilité au Bangladesh a été conclu entre l'Union européenne et le gouvernement du Bangladesh avec le soutien de l'Organisation internationale du travail (OIT) en vue d'améliorer les droits des travailleurs et la santé et la sécurité au travail dans le secteur du prêt-à-porter de ce pays.
L'évaluation réalisée par la Confédération syndicale internationale (CSI), IndustriALL Global Union et UNI Global Union précède de peu une réunion de réexamen à huis clos du Pacte sur la durabilité qui s'est tenue sous les auspices du gouvernement bangladeshi. On peut y lire :
"Beaucoup trop reste à faire par le gouvernement du Bangladesh et l'industrie du vêtement, non seulement dans la protection contre l'incendie et la sécurité des bâtiments, mais pour simplement garantir un minimum de respect de la loi, et aussi des normes nationales et internationales du travail."
Le rapport fait état de plus d'une centaine de cas de discrimination antisyndicale dans des usines où de nouveaux syndicats ont été enregistrés et il critique le gouvernement qui ne garantit pas la liberté syndicale :
L'impossibilité pour de nombreux travailleurs de s'organiser et de créer des syndicats sans s'exposer à des représailles et de négocier collectivement leurs conditions d'emploi et de travail signifie que les éventuelles avancées obtenues en matière de sécurité des édifices et de protection contre l'incendie et dans les autres conditions de travail seront éphémères et que d'autres tragédies se produiront à l'avenir.
Le rapport met en doute la rigueur des inspections d'usines effectuées par le comité tripartite national bangladeshi qui a immédiatement déclaré sûres 80 pour cent des usines relevant de sa compétence, tandis que celles réalisées dans le cadre de l'Accord sur le Bangladesh et par l'Alliance ont trouvé à redire dans chaque lieu de travail inspecté.
Cette évaluation dénonce aussi un grave climat de violence antisyndicale au Bangladesh, souvent à l'instigation des employeurs, tandis que les auteurs de délits jouissent d'une quasi-totale impunité.
Les syndicats mondiaux demandent à l'Union européenne de faire usage de son Système de préférences généralisées (SPG) avec le Bangladesh pour obtenir immédiatement de véritables améliorations. Le Bangladesh bénéficie du régime "Tout sauf les armes" de l'Union européenne, qui ouvre l'accès à son marché, en franchise de droits et libre de tout contingentement, à tous les produits d'importation, à l'exception des armes et munitions.
"Il ne fait aucun doute que le gouvernement du Bangladesh est directement ou indirectement responsable de violations extrêmement graves qui enfreignent incontestablement les normes de l'OIT énoncées dans le SPG de l'Union européenne", poursuit le texte.
Pour le Secrétaire général d'IndustriALL, Jyrki Raina :
Les mesures prises par le gouvernement bangladeshi pour remplir les conditions du Pacte sur la durabilité sont insuffisantes. La discrimination antisyndicale persiste, la violence contre les dirigeants syndicaux reste impunie et les travailleurs qui ont signalé des problèmes de sécurité ont été renvoyés. Le gouvernement doit faire davantage pour protéger ses travailleurs de l'industrie du vêtement, au risque d'une nouvelle tragédie."