11 juin, 2024Hier, des fédérations syndicales internationales (FSI), des militants syndicaux et des délégués participant à la 112e Conférence internationale du travail (CIT), à Genève, se sont réunis près de la sculpture Broken Chair pour demander à l’Organisation internationale du travail (OIT) d’invoquer l’article 33 de sa constitution, car la junte militaire qui dirige le Myanmar depuis plus de trois ans n’a pas mis en œuvre les recommandations formulées après qu’une commission d’enquête de l’OIT a constaté de graves violations des protocoles relatifs au travail forcé et à la liberté d’association.
“Que voulons-nous ? L’article 33 ! Quand le voulons-nous ? Maintenant”, tel était le slogan scandé par les participants à la manifestation.
L’article 33 permet à l’OIT de prendre des mesures lorsqu’un État membre ne se conforme pas aux recommandations de sa commission d’enquête. Plus précisément, l’article 33 stipule que lorsqu’un membre ne se conforme pas aux recommandations, le Conseil d’administration peut recommander à la CIT des mesures de nature punitive ou corrective, y compris des sanctions ou d’autres actions, afin d’assurer le respect de ces recommandations.
Khaing Zar Aung, Présidente de la Fédération des travailleurs industriels du Myanmar (IWFM), affiliée à IndustriALL, a déclaré :
“J’ai pris la parole ici à de nombreuses reprises pour appeler à la fin de la junte militaire au Myanmar. Vous connaissez la nature de la crise. Notre peuple n’est pas en sécurité, en particulier les jeunes. Nous perdons nos emplois. Nous ne pouvons pas survivre. L’aide destinée à la population passe par des canaux militaires et ne parvient pas aux personnes qui en ont le plus besoin. La communauté internationale doit intervenir. Nous avons besoin de l’article 33 pour pouvoir protéger la population.”
Luc Triangle, Secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI), a déclaré :
“Nous sommes clairs sur le fait que les militaires doivent partir. Nous devons faire respecter les droits de l’homme et rétablir la liberté. La junte militaire doit être isolée. Nous obtiendrons l’article 33.”
Les syndicats du Myanmar ont déclaré que l’interdiction de leurs organisations et l’absence de liberté syndicale signifient que les travailleurs et travailleuses sont confrontés à des conditions d’esclavage moderne. Cette constatation a été confirmée par la commission d’enquête de l’OIT, qui a fait état de graves violations des conventions sur la liberté syndicale et le travail forcé. Cela signifie que des vêtements fabriqués dans des conditions d’esclavage moderne sont vendus aux consommateurs.
Le Secrétaire général d’IndustriALL, Atle Høie, a déclaré :
“Demain, nous emmènerons Khaing Zar recevoir le prix Arthur Svensson de cette année pour son incroyable travail en faveur des droits syndicaux au Myanmar et sa lutte pour le retour de la démocratie dans le pays. Nous espérons que ce prix mettra davantage en lumière la situation catastrophique des travailleurs et travailleuses du Myanmar sous la junte militaire et contribuera à sa chute. La communauté internationale doit réagir. Nous devons invoquer l’article 33 dès maintenant. Ensemble, nous nous battrons pour la liberté, la prospérité et la liberté pour tous au Myanmar.”
Le régime militaire a tué plus de 4.000 personnes, en a arrêté près de 26.000 et a suspendu les organisations de la société civile, y compris les syndicats libres. De nombreux employés de l’État, dont 200.000 enseignants, ont refusé de travailler pour le régime et ont rejoint le mouvement de désobéissance civile. Nombre d’entre eux ont été tués ou emprisonnés, tandis que d’autres ont perdu leur emploi et vivent dans des conditions extrêmement difficiles.