8 août, 2024Dans la nuit du 7 août, des forces de sécurité en armes ont fait irruption dans les bureaux du Congrès du travail du Nigeria (NLC) à Abuja, saisissant des imprimés et d’autres documents. Le gouvernement fédéral du Nigeria affirme que ces documents étaient “séditieux et utilisés pour inciter et organiser” les récentes manifestations en faveur de politiques économiques favorables aux pauvres.
L’effraction et l’occupation des bureaux des syndicats ont eu lieu à la suite de manifestations nationales d’une semaine visant à lutter contre l’augmentation du coût de la vie qui, selon les syndicats, entraîne la faim et la pauvreté dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Ces forces en armes occupent les bureaux et refusent de les quitter. Le saccage a eu lieu le même jour qu’une réunion du NLC, au cours de laquelle les manifestations de masse en cours à l’appel des réseaux sociaux sous le mot-clé #EndBadGovernance (Mettre fin à la mauvaise gouvernance) ont été discutées.
Au cours de la réunion, le NLC a souligné que la liberté de réunion, d’association, d’expression et de parole était menacée, indiquant que la police et les forces de sécurité ont tué 13 manifestants par balles et en ont blessé de nombreux autres.
“Le NLC condamne avec la plus grande fermeté les violations des droits de l’homme perpétrées par les forces de sécurité à l’encontre de manifestants pacifiques. Le droit de manifester est un droit démocratique fondamental et sa répression par la violence est inacceptable. La tentative de criminaliser le mouvement de protestation est déplorable, surtout dans une démocratie. Le recours à des gros bras pour casser du manifestant et à une propagande de division pour faire échouer les manifestations sont regrettables”, a déclaré le NLC dans un communiqué.
L’action de masse a commencé après que le gouvernement a supprimé les subventions pétrolières, ce qui a déclenché des protestations immédiates de la part des syndicats en 2023, y compris une mise à l’arrêt du pays en juin de cette année.
En outre, le NLC a déclaré que le gouvernement devait répondre aux doléances des travailleurs et de la population plutôt que de recourir à la violence. Il a souligné que les politiques du gouvernement, soutenues par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, apportaient la misère à la population. Selon le Bureau national des statistiques du gouvernement fédéral, 63 % de la population, soit plus de 133 millions de personnes, sont confrontées à une pauvreté multidimensionnelle, qui se traduit notamment par l’utilisation de bouse séchée, de bois ou de charbon de bois pour cuisiner, au détriment de formes d’énergie plus propres. En outre, l’accès aux soins de santé est insuffisant, la collecte des ordures limitée, l’insécurité alimentaire omniprésente et le logement médiocre. Le salaire minimum de 70.000 nairas (44 dollars) appliqué récemment n’est pas un salaire décent.
Joe Ajaero et Emmanuel Ugboaja, respectivement Président et Secrétaire général du NLC, ont insisté sur ce point :
“Nous devons maintenir notre engagement en faveur de la non-violence et veiller à ce que nos actions soient légales et disciplinées. Le NLC reste déterminé à défendre les droits et le bien-être des travailleurs et travailleuses nigérians et de la population en général. Nous ne relâcherons pas nos efforts pour garantir que la justice, l’équité et la bonne gouvernance prévalent dans notre pays.”
Joe Ajaero est également Secrétaire général du Syndicat national des salariés de l’électricité (NUEE), affilié à IndustriALL.
“Le gouvernement fédéral du Nigeria doit respecter les droits des travailleurs et les droits de l’homme et mettre fin à la violence et à l’intimidation. Le gouvernement doit également engager un dialogue social avec les syndicats afin de trouver des moyens de mettre fin à la crise”,
a déclaré Paule France Ndessomin, Secrétaire régionale d’IndustriALL pour l’Afrique subsaharienne.
Les affiliés d’IndustriALL qui sont membres du NLC comprennent le Syndicat national des salariés de la chimie, de la chaussure, du caoutchouc, du cuir et des industries non métalliques (NUCFRLANMPE), le Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz naturel (NUPENG), le Syndicat national des travailleurs du textile, de la confection et de la couture du Nigeria (NUTGTWN) et le Syndicat des travailleurs de la sidérurgie et de l’ingénierie du Nigeria (SEWUN).