5 octobre, 2018La violence à l’encontre des dirigeants syndicaux a atteint des niveaux vertigineux en Colombie. Le Bureau de l’Ombudsman de Colombie a récemment fait état du chiffre de 343 leaders sociaux et militants des droits de l’homme assassinés de par le pays depuis la signature de l’accord de paix en 2016.
Une délégation constituée de représentants des organisations TUCA, CTC Colombia, CUT Colombia, IBB, ISP, ITF, UNI et IndustriALL a tenu une série de réunions avec le gouvernement colombien entre le 12 e le 14 septembre.
Au cours d’une réunion avec la Ministre du Travail, Alicia Arango Olmos, la délégation a exprimé sa préoccupation par rapport à la sécurité des leaders de mouvements sociaux et de syndicats en Colombie. Elle a également condamné les campagnes menées par les forces de police et le nouveau gouvernement pour systématiquement criminaliser les mouvements de protestation syndicaux et sociaux.
Une référence spécifique a été faite aux récentes déclarations du Ministre de la défense, Guillermo Botero. Lors du Congrès de Confecamaras qui s’est tenu le 13 septembre à Carthagène, Botero a déclaré à la station de radio colombienne Caracol que des gangs liés au trafic de drogue et à la mafia internationale finançaient les mouvements de protestation sociale.
Mme Arango Olmos, qui a été secrétaire de l’ancien Président Álvaro Uribe et est directrice du Parti du Centre démocratique depuis 2014 a surpris la délégation en discréditant complètement ses propos.
Elle a affirmé que les fédérations syndicales internationales n’étaient pas au courant des problèmes en Colombie et n’étaient pas en droit de s’exprimer sur ce qui s’y passait. Elle nous a accusé de porter des accusations sans disposer des faits réels. Les meurtres, les menaces et les attaques contre des dirigeants de mouvements sociaux et de syndicats sont à la hausse en Colombie. Les mécanismes de protection ne fonctionnent pas et sont souvent complètement absents, toute assistance pouvant être portée arrivant souvent trop tard.
Nous sommes très préoccupés par les déclarations du gouvernement, qui ne servent qu’à inciter à davantage de violence et à criminaliser les mouvements de protestation sociale et la liberté syndicale. Le mouvement syndical international va continuer à soutenir les travailleurs en Colombie. Nous allons tenter de renforcer les syndicats et les organisations à vocations sociale en travaillant ensemble à apporter un développement durable au pays.”
a déclaré le Secrétaire régional d’IndustriALL, Marino Vani.