3 juillet, 2014L’incapacité du gouvernement du Swaziland à maintenir l’état de droit et le respect des droits de l’homme et syndicaux a abouti à la perte pour le pays du statut commercial préférentiel dont il jouissait avec les États-Unis en vertu de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act – Loi sur la croissance et le potentiel africains).
Le Président Obama a annoncé le 26 juin dernier le retrait pour le Swaziland du bénéfice de l’AGOA à dater du 1er janvier 2015. La perte de cette éligibilité pour l’AGOA implique des conséquences pour l’accès à des transactions exemptes de droits de douanes pour les exportations de vêtements aux États-Unis, d’une valeur atteignant les 50 millions de dollars en 2013.
“Les États-Unis avaient adressé au Swaziland cinq recommandations, qui étaient raisonnables et même tolérantes, mais le gouvernement à failli à agir” explique Wonder Mkhonza, Secrétaire général de l’Amalgamated Trade Union of Swaziland (Atuswa). Parmi ces recommandations figuraient le respect de la liberté d’association et la liberté de réunion.
Parmi les préoccupations principales, on retrouve la dé-certification en 2012 du Congrès des Syndicats du Swaziland (Tucoswa). La pression internationale, y compris des tentatives de la part de l’OIT pour faire en sorte que le gouvernement du Swaziland reconnaisse la fédération, ont jusqu’ici échoué. L’Atuswa, résultat de la fusion en septembre 2013 d’un certain nombre de syndicats dont trois membres d’IndustriALL Global Union des secteurs de la métallurgie, des mines et des manufactures, n’a pas encore non plus de reconnaissance officielle.
Les activités syndicales sont régulièrement perturbées par la police. Les leaders syndicaux sont victimes de harcèlements et vivent sous la menace d’arrestations et de détentions dans le cadre de leur travail. La récente condamnation d’un leader syndical et l’emprisonnement d’un avocat au service des syndicats, pour avoir critiqué le manque d’indépendance du pouvoir judiciaire au Swaziland, sont des indicateurs supplémentaires d’une détérioration de la situation dans le pays. Une mission d’enquête de l’OIT en janvier 2014 a conclu qu’aucun progrès n’avait été accompli au cours de la décennie écoulée.
En mai 2014, juste avant la date limite fixée pour rencontrer les critères d’éligibilité, l’Atuswa avait organisé une marche d’environ 400 travailleurs et travailleuses de la confection pour remettre une pétition au Premier Ministre. “Nous avons adressé cette pétition au gouvernement pour qu’il prenne en compte les cinq recommandations afin que le Swaziland puisse maintenir son statut commercial avec les États-Unis et conserver les emplois, mais à ce jour, le gouvernement n’y a pas donné suite.” dit Mkhonza.
Les États-Unis se pencheront à nouveau sur l’éligibilité à l’AGOA du Swaziland en décembre de cette année. Le gouvernement du pays a donc encore une opportunité, aussi limitée soit-elle, d’assumer ses responsabilités par rapport aux droits des travailleurs et de retrouver son statut commercial préférentiel.