3 avril, 2017Les centrales syndicales de Colombie restent résolument opposées à l'adhésion de leur pays à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en raison de la persistance de ses attaques contre les droits fondamentaux.
"L'approbation de l'adhésion de notre pays à l'OCDE, sans qu'une solution ait été apportée aux graves problèmes d'impunité qui entourent les morts de plus de 3.000 syndicalistes tués au cours des trente dernières années, fragiliserait totalement la position du mouvement syndical colombien dans ses revendications envers le gouvernement et ses dénonciations sur la scène internationale", déclarent les centrales syndicales.
Depuis la signature d'un accord de paix entre le gouvernement et les FARC, la Colombie est devenue un candidat sérieux pour l'adhésion à l'OCDE. Les trois centrales syndicales CUT, CTC et CGT s'y opposent parce que, selon elles, le gouvernement de Juan Manuel Santos n'a pas tenu les engagements qu'il avait pris concernant le marché du travail informel, la sous-traitance, l'inspection du travail, la négociation collective et la violence envers les syndicalistes.
C'est en 2013 que le Président Santos a posé la candidature de la Colombie à l'OCDE.
Pour devenir membre de l'OCDE, il faut suivre des procédures d'adhésion ardues devant divers comités de politique publique.
Dans une lettre adressée à l'organisation, les centrales syndicales écrivent : "Nous sollicitons respectueusement la suspension sine die des négociations en vue de l'adhésion de la Colombie à l'OCDE." Ils joignent aussi une série de documents pour étayer leur requête.
De récents rapports de la CSI et de l'OIT montrent que le gouvernement est très loin d'avoir réglé les graves problèmes liés au monde du travail. L'Indice 2016 de la CSI décrit la Colombie comme un des dix pays où les travailleurs sont confrontés aux pires formes de violence telles que les assassinats, les menaces, les enlèvements et la violence physique.
De même, le rapport 2017 de la Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations de l'OIT note que le gouvernement colombien n'a toujours pas mis en application les conventions 87 et 98 sur la liberté syndicale, le droit de se syndiquer et le droit de négocier collectivement.
C'est pourquoi les centrales syndicales colombiennes appellent le mouvement syndical international à appuyer leur demande de suspension des négociations à la veille des réunions des comités spécialisés qui doivent se tenir du 9 au 11 avril afin d'arrêter les procédures d'adhésion de la Colombie.
IndustriALL Global Union soutien sans réserve la demande des centrales syndicales colombiennes.
"Il serait absurde que l'OCDE accepte l'adhésion de la Colombie dans un contexte de réductions des droits, d'inégalités et de violations des droits fondamentaux", déclare Fernando Lopes, directeur d'IndustriALL.