20 janvier, 2017En l'espace de quelques jours, le gouvernement turc a adopté des décrets invoquant des menaces contre la sécurité nationale pour priver dans la pratique des milliers de travailleurs de leur droit légitime de faire grève.
Une grève qui devait avoir lieu à l'aciérie Asil Çelik de Bursa, en Turquie, a été qualifiée de "préjudiciable à la sécurité nationale" et interdite en dernière minute, le 18 janvier.
Aujourd'hui, plus de 2.000 travailleurs de 13 usines du pays qui sont la propriété de ABB, General Electric et Schneider Electric, ont été informés que leur grève était interdite deux heures après son commencement.
Suivant la législation en vigueur, le décret est suivi d'une "période de report" de 60 jours réservée à la négociation et pendant laquelle les parties doivent arriver à un accord. Concrètement, cela veut dire qu'il est impossible de poursuivre une grève au terme de ces 60 jours.
Début 2015, le gouvernement turc a interdit les grèves dans une quarantaine d'entreprises. Le Comité de la liberté syndicale de l'OIT a jugé que la suspension d'une grève en prétextant qu'elle menace la sécurité nationale est une violation du principe de la liberté syndicale.
"Une fois encore, nous condamnons fermement cette violation flagrante du droit fondamental des travailleurs de faire grève que garantit la constitution turque," a déclaré le Secrétaire général adjoint d'IndustriALL, Kemal Özkan.
Pour Kemal Özkan, utiliser l'excuse d'une menace contre la sécurité nationale n'a aucun fondement rationnel ou juridique.
"Au contraire, cela montre que le gouvernement favorise les intérêts du monde des affaires plutôt que de protéger les droits des travailleurs.
"IndustriALL continuera à soutenir son affilié turc Birleşik Metal-İş, et il exhorte le gouvernement turc à retirer son décret et à créer plutôt un cadre propice au libre exercice de la négociation collective."