11 octobre, 2018La police a tabassé et arrêté deux leaders du ZCTU (Congrès des syndicats du Zimbabwe), alors que des milliers de travailleurs et travailleuses étaient descendus dans les rues partout dans le pays ce 11 octobre pour protester contre les mesures d’austérité.
Pour tenter d’empêcher un cortège de se former à Harare, la police a encerclé les bâtiments du ZCTU, tabassant et arrêtant le Président de la fédération, Peter Mutasa, ainsi que son Secrétaire général, Japhet Moyo, selon une source syndicale. Environ 20 manifestants ont été arrêtés à Mutare et 13 à Masvingo.
Cinq affiliés d’IndustriALL Global Union ont pris part aux manifestations en solidarité avec d’autres syndicats.
Récemment, le gouvernement zimbabwéen a annoncé des politiques financières et fiscales pour soulager l’économie, en arguant que ces réformes étaient “douloureuses mais nécessaires”. Mais c’est l’inverse qui s’est produit, l’économie piquant du nez. Les politiques d’austérité balaient la valeur des salaires et les travailleurs et travailleuses ne peuvent même plus se payer le strict nécessaire.
À la suite d’annonces sur le passage des taxes sur les transactions financières mobiles à 2% ainsi que sur le fait que les dépôts bancaires en dollars américains seraient dorénavant convertis en devise locale, les gens ont paniqué et se sont rués sur les biens de première nécessité par crainte d’un retour de l’hyperinflation. Les prix des denrées alimentaires ont flambés alors que les produits disparaissaient des rayons. Des magasins ont fermé pour “inventaire” et “rénovations” ou ont simplement augmenté les prix de leurs biens et services.
Alors que le gouvernement persiste à dire que le taux de change de la devise locale avec le dollar américain est de un pour un, la réalité est que sur le marché parallèle, le dollar américain vaut 4,85 dollars zimbabwéen. Cela rend la panique compréhensible. En 2008, les travailleurs et travailleuses ont perdu leurs revenus, y compris leurs pensions, alors que leurs allocations de retraite et leur épargne ne pouvaient même plus payer une miche de pain en raison de l’hyperinflation.
Christian Ranji, Secrétaire du Comité des jeunes d’IndustriALL au Zimbabwe, confie : “Les travailleurs et travailleuses n’ont pas le choix, ils doivent combattre l’austérité. On ne peut pas nous taxer pour financer le gaspillage financier du gouvernement. Les entreprises ferment et les travailleurs et travailleuses perdent leur emploi. Ces annonces ont créé l’instabilité, les épiceries ont augmenté leurs prix et les citoyens ont commencé à acheter en vrac pour rentabiliser leurs achats.”
Valter Sanches, Secrétaire général d’IndustriALL, déclare :
“Nous en appelons au gouvernement du Zimbabwe pour qu’il respecte le droit des travailleurs et travailleuses à manifester contre les mesures d’austérité et condamnons les faits de violence et d’intimidation. L’arrestation des dirigeants du ZCTU, les camarades Peter Mutasa et Japhet Moyo ainsi que des autres manifestants est inacceptable. Nous appelons à leur libération immédiate et à ce que le gouvernement entame un dialogue social avec les syndicats.”