11 mai, 2017Han Sang Gyun, le Président de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU), a reçu le prix Febe Velásquez des droits syndicaux que lui a décerné la confédération syndicale néerlandaise FNV lors de son congrès.
Ce prix est attribué tous les deux ans à des personnes pour leur contribution exceptionnelle à la défense et la protection des droits syndicaux dans des pays où les droits de l'homme et des travailleurs font défaut.
Le prix a été accepté par le Vice-président du KCTU, Lee Sang Jin, au nom du Président Han, actuellement emprisonné en Corée du Sud sur des chefs d'inculpation à caractère politique. La candidature du Président Han avait été proposée par les syndicats mondiaux IndustriALL, IBB et UITA.
Han est emprisonné depuis décembre 2015 pour avoir organisé des manifestations antigouvernementales dans le cadre de la campagne du KCTU visant à empêcher l'adoption par le précédent gouvernement Park d'adopter des réformes du travail néolibérales.
Le Secrétaire général d'IndustriALL, Valter Sanches, a déclaré :
"Quand j'ai rendu visite au Président Han dans sa prison, en novembre dernier, j'ai été impressionné par son humilité, sa force morale et son attachement au combat pour les droits humains et syndicaux en Corée.
"Le Président Han est un homme courageux qui s'est beaucoup sacrifié et qui a inspiré des milliers de personnes à agir. Cette action a conduit à la destitution et à l'emprisonnement de l'ex-Présidente Park."
Par l'ironie du sort, l'ancienne Présidente Park Geun-hye et le Vice-président de Samsung, Lee Jay-yong, sont détenus dans la même prison que Han.
Dans une déclaration lue par Lee Sang Jin à la cérémonie de réception, Han a écrit :
"Le capitalisme, qui a détruit une démocratie authentique et les moyens d'existence des travailleurs de mon pays, est devenu une forme de dictature plus dangereuse et redoutable que les dictatures militaires de notre passé.
"Dans ce climat politique, où nous sommes considérés comme l'ennemi de l'État, le KCTU ne pouvait pas courber l'échine devant le gouvernement par simple peur de la répression syndicale.
"L'histoire du KCTU est fondée sur la lutte pour les droits démocratiques, les droits au travail et les droits de l'homme, et sur la résistance aux attaques du gouvernement et des employeurs. Et nous avons perpétué ce précieux héritage. En tant que dirigeant du KCTU et représentant de la classe laborieuse, il n'est que naturel que je sois en première ligne.
"Quand j'ai appris que j'allais recevoir le prix syndical Febe Elizabeth Velásquez, alors que je me voyais entre les quatre murs de ma cellule, je me suis senti très humble et, à vrai dire, embarrassé."
Ce prix porte le nom de la dirigeante syndicale salvadorienne Febe Elizabeth Velásquez (1962-1989), assassinée en raison de son activité syndicale.