27 septembre, 2012Les travailleurs et travailleuses sont rassemblés aujourd’hui devant le Parlement mexicain. Les syndicats se mobilisent dans la capitale et le reste du pays, alors que les responsables politiques examinent la législation très anti-ouvrière présentée par le président sortant Felipe Calderón.
La CSI, AFL-CIO, le CLC et des syndicats de 20 pays ont écrit aux coordonnateurs parlementaires mexicains pour exprimer leurs graves préoccupations sur la réforme proposée de la législation du travail qui prévoit de réduire tous les droits fondamentaux du travail et des syndicats au Mexique. Il est notoirement établi que les travailleurs et travailleuses font déjà face à des obstacles considérables au Mexique pour se syndiquer et assurer le bon fonctionnement des syndicats indépendants, du fait que les employeurs opposés aux syndicats se servent d’un système de contrats de protection en toute impunité et avec la complicité des autorités. Un groupe de membres du Congrès des États-Unis a écrit à la secrétaire d’État Hillary Clinton pour faire état de ses préoccupations.
Le président sortant Calderón, allié du patronat, a le soutien du président élu Enrique Peña Nieto qui entrera en fonction le 1er décembre. Le Parti PRI de Peña Nieto détient des liens historiques avec les syndicats corporatistes et institutionnalisés du Mexique, et soutient avec force une plus grande flexibilité sur le marché du travail aux dépens des travailleurs et travailleuses.
Les syndicats démocratiques mexicains ont manifesté cette semaine dans les rues pour marquer leur opposition inébranlable à la législation proposée qui menace les derniers droits qui leur restent. Le syndicat indépendant des travailleurs de Nissan a bloqué pendant trois heures, le 22 septembre, la principale artère “Sol” entre Mexico et Cuernavaca. Les protestations des 4.000 syndicalistes qui rejettent cette législation du travail et notamment ses attaques contre la sécurité de l’emploi ont occasionné d’énormes embouteillages dans les deux sens. Des défilés massifs sont prévus aujourd’hui dans tout le pays.
Le Comité du travail du Parlement a approuvé hier les propositions par 21 voix contre 8, sans le vote d’autres propositions par le Parlement.
Les changements proposés sont destinés à légaliser la sous-traitance sans création d’un mécanisme régulateur destiné à obtenir une responsabilisation des entreprises pour assurer le respect des droits syndicaux dans leurs chaînes de production. La nouvelle loi permettra d’embaucher du personnel sans sécurité d’emploi avec des contrats d’essai de six mois ou même pour une embauche horaire. La législation proposée réduira également le droit de grève, amènera une utilisation abusive des contrats de protection par les employeurs pour contourner l’action des syndicats légitimes représentant leur personnel et pour entraver l’autonomie syndicale.
La légalité même du processus législatif est dans ce cas très contestable. La procédure accélérée qui a été adoptée est nouvelle au Mexique et permet de contourner le processus démocratique. Comme l’a écrit le secrétaire général Raina de IndustriALL aux coordonnateurs parlementaires du Congrès mexicain, la procédure adoptée montre:
… un mépris total de l’opinion des législateurs, des travailleurs et travailleuses et des citoyens et citoyennes, et ce, en totale infraction avec les normes internationales du travail et des droits de la personne, notamment les conventions de l’OIT 87 et 98, et autres règlements internationaux.
Voir le rapport précédent de IndustriALL et les copies des lettres: (http://www.industriall-union.org/fr/appel-a-la-resistance-contre-la-reforme-regressive-de-la-legislation-du-travail-au-mexique)