11 janvier, 2022Près de 8.000 personnes ont été arrêtées et plus de 160 tuées dans les protestations de masse déclenchées par le doublement des prix du gaz au Kazakhstan. La violence de cette réaction illustre une fois de plus l'absence de démocratie et le manque de reconnaissance et de respect des droits fondamentaux de l'homme et des travailleurs dans ce pays.
Le Kazakhstan est connu pour ses violations systématiques des droits essentiels des personnes et des travailleurs, ainsi que pour une absence généralisée de démocratie. Le dialogue social est pratiquement non existant et, plutôt que de se doter d'une législation sur le règlement des conflits, du travail notamment, les autorités appliquent une loi régressive de 2014.
Dans les faits, cette loi élimine les syndicats libres et indépendants. En juin 2021, la Commission de l'application des normes de l'OIT a examiné pour la cinquième fois les violations des droits syndicaux au Kazakhstan lors de la Conférence internationale du travail.
La loi kazakhe sur les syndicats empêche toute résolution rapide et efficace des problèmes sur le lieu de travail. Les autorités ont dissous les syndicats indépendants avec pour conséquence que les protestations des travailleurs se font maintenant de manière spontanée.
Trois dirigeants du Syndicat du pétrole et de l'énergie du Kazakhstan, Kuspan Kosshygulov, Takhir Erdanov et Amin Eleusinov, étaient portés disparus depuis leur participation à des actions de protestation à Aktau, le 6 janvier. Ils ont été remis en liberté après une intervention d'urgence d'IndustriALL et de la CSI.
Afin d'obtenir le respect des droits de l'homme et des travailleurs et le dialogue social et la démocratie, IndustriALL Global Union exhorte une fois de plus le Kazakhstan à :
- mettre sa législation nationale en conformité avec les conventions 87 et 98 de l'OIT qu'il a ratifiées et à assurer le respect total des droits fondamentaux de l'homme et des travailleurs;
- rétablir l'enregistrement de la Confédération des syndicats indépendants du Kazakhstan (KNPRK) qu'il a dissoute et de son affilié qu'il a suspendu, et à simplifier la procédure d'enregistrement;
- permette aux syndicats indépendants de fonctionner et assurer un dialogue social authentique à tous les niveaux.
Des enseignements sont à tirer de ces protestations de masse. Ce sont les politiques, et non des forces extérieures, qui sont à l'origine des conflits sociaux et du travail, réprimés durement par la police et les forces de sécurité. La conclusion qui s'impose est que le dialogue avec les parties concernées, l'attachement à l'ouverture et aux valeurs démocratiques, le dialogue social avec les travailleurs représentés par les syndicats sont nécessaires pour construire une société durable au Kazakhstan.