16 janvier, 2014L’affaire des cimentiers indiens dans les installations de la multinationale géante suisse Holcim dans le Chhattisgarh représente maintenant la pire tendance en matière d’exploitation ouvrière dans la chaîne mondiale d’approvisionnement. Des salariés permanents ont reçu un statut de contractuel, ont été payés des salaires de misère dans un milieu présentant des risques mortels et dépouillés de leurs droits syndicaux. Maintenant, le 8 janvier, les dirigeants du syndicat des travailleurs sous contrat PCSS, jusque là ignorés par Holcim, ont été emprisonnés sous de fausses accusations d’anciens agents de sécurité de l’entreprise.
Les sept jeunes militants injustement emprisonnés sont les suivants: Lakhan Sahu, secrétaire à la syndicalisation au PCSS, Yogesh Sahu, ainsi que Dhannu Ram Patel, Bhagwat Sahu, Thanu Ram Patel, Lala Ram Dhruv et Dilharan Dhruv.
Les jeunes dirigeants ouvriers ont joué un rôle central pour organiser le syndicat PCSS à partir de 2010, et ont réussi à obtenir des salaires et s’autres conditions d’emploi minimums. Le PCSS a également représenté et soutenu les communautés locales autour de l’usine Ambuja, qui souffrent de la pollution des réserves d’eau et sont victimes de déplacements forcés.
L’affaire concernant les dirigeants syndicaux Bhagwati Sahu et Lakhan Sahu est ridicule. Ils sont accusés d’avoir volé un téléphone mobile appartenant à l’agent de sécurité de l’entreprise Nand Lal Choubey, un jour où il a été démontré qu’il s’était rendu dans une autre région.
Le PCSS représente les travailleurs contractuels employés dans les deux usines, et Holcim le plus grand producteur de ciment en Inde. Les contractuels sont protégés par la législation indienne et par un accord sectoriel interdisant leur emploi dans des activités de production de base, et le paiement de tous le travail effectué au même taux que pour la main-d’œuvre permanente.
Holcim India a passé outre à cette stipulation, bien que les contractuels travaillent aux côtés de la main-d’œuvre permanente dans des activités de production de base, sans recevoir l’équipement de protection nécessaire, et qu’ils touchent un salaire représentant le tiers du salaire des permanents.
IndustriALL a soutenu les revendications de ses affiliés pour que Holcim reprenne le processus national de négociation dans l’industrie du ciment en Inde. Une reprise des négociations sur un accord national dans l’industrie pourrait notamment améliorer la protection des travailleurs sous contrat.
IndustriALL continue de soutenir son affilié, le PCSS, dans des travaux menés sous la direction du point de contact national de l’OCDE en Suisse qui traitent de la plainte syndicale d’infraction aux principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprise multinationales chez Holcim India.
Le coordonnateur de l’affilié suisse de IndustriALL, UNIA, au comité d’entreprise européen de Holcim, Rolf Beyeler, rend compte des dégâts provoqués par le programme de restructuration de l’entreprise en Europe où les syndicats ont été ignorés:
Pendant déjà des années, la direction centrale de Holcim pour l’Europe a continuellement refusé de tenir compte des droits du Forum européen Holcim, son comité d’entreprise européen. Le dernier exemple est l’accord prévu par Holcim avec l’autre grand protagoniste sur le marché international du ciment, le mexicain Cemex. Holcim laisse le contrôle de ses usines en Espagne à Cemex alors que Cemex livre ses usines en Rhénanie-du-Nord-Westphalie à Holcim. Il ne fait aucun doute du caractère transnational de cet accord qui concerne les droits et les emplois de plusieurs centaines de salariés en Espagne et en Allemagne. Cependant, Holcim n’en a informé le comité d’entreprise européen que dans la soirée avant son communiqué de presse, sans tenir compte du droit du comité d’être consulté sur cette question. C’est la dernière et probablement la plus grave infraction aux droits du comité d’entreprise européen, ce qui a obligé ce dernier à intenter une action en justice et à mettre fin à l’accord existant entre le comité d’entreprise européen et la direction de Holcim.
Le programme européen de restructuration a coûté 1.600 emplois depuis 2011. Il a permis la fermeture de sites et des restructurations en Espagne, au Royaume-Uni, en Hongrie, en France, en Belgique et en Suisse.