1 février, 2022Alors que tout laissait présager un affrontement entre le gouvernement fédéral du Nigeria et les syndicats et leurs alliés de la société civile après l'annonce d'une augmentation des prix des carburants, le gouvernement a fait marche arrière à la veille d'actions de protestation nationales.
Les affiliés nigérians d'IndustriALL Global Union ont promis de combattre ces hausses qui, pour eux, vont rogner les revenus de leurs adhérents et aggraver la pauvreté.
Le Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz naturel (NUPENG) et l'Association des cadres du pétrole et du gaz naturel (PENGASSAN) appellent le gouvernement à industrialiser l'économie en ressuscitant les raffineries locales. Les syndicats voient en elles le moyen d'atténuer les effets des fluctuations des cours du pétrole, de créer des emplois décents et d'accroître les recettes du pays.
Auparavant, le gouvernement avait annoncé une augmentation du prix du pétrole de 320 à 340 Nairas le litre (0,05 $). Mais, le 24 janvier, il est revenu sur sa décision à la perspective des protestations nationales qu'allaient organiser les syndicats et les organisations de la société civile.
"Cette suspension de la hausse du prix du pétrole n'est pas une victoire totale parce qu'elle ne change pas la situation économique et sociale des travailleurs nigérians. Le chômage est élevé et l'inflation gagne du terrain. Les travailleurs ont besoin d'un amortisseur social fait de transports publics abordables et d'un développement des infrastructures,"
a déclaré Olawale Afolabi, le secrétaire général du NUPENG.
"Nous irons de l'avant et continuerons à interpeler le gouvernement sur les problèmes cruciaux que sont le raffinage du pétrole sur place, la création d'emplois durables et un pétrole à des prix abordables,"
a dit Ayuba Wabba, le secrétaire général du Congrès du travail du Nigeria.
Le Congrès des syndicats du Nigeria (TUC) insiste lui aussi sur "la revitalisation des raffineries existantes, la création de nouvelles, modulaires notamment, et une surveillance efficace des frontières pour endiguer la contrebande de produits pétroliers."
Depuis des années, les syndicats font campagne contre "la malédiction des ressources" au Nigeria, où les réserves de pétrole et de gaz ne profitent pas à l'économie et n'éradiquent pas la pauvreté.
La secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, déclare :
"Au Nigeria, les travailleurs et les communautés attendent du gouvernement un pétrole abordable et ne veulent pas de hausses qui sont souvent la conséquence de la corruption. Les travailleurs nigérians devraient profiter des énormes réserves de pétrole et de gaz, et notamment pouvoir acheter un pétrole abordable raffiné sur place."
Photo : Station-service flottante dans le delta du Niger. Stakeholder Democracy