13 février, 2019Le gouvernement bangladais est déterminé à annuler les avancées obtenues avec l'Accord sur la sécurité incendie et la sécurité des bâtiments au Bangladesh conclu après l'effondrement de l'immeuble du Rana Plaza qui avait fait plus de 1.000 victimes en 2013.Plutôt que de négocier un transfert responsable des fonctions prévues dans l'Accord, le gouvernement est inflexible et veut que ses instances quittent le Bangladesh à une date donnée, qu'une autorité de sécurité compétente ait ou non été mise en place pour leur succéder.
Dans une déclaration commune, IndustriALL Global Union et UNI Global Union écrivent :
À la suite du recours introduit contre une décision de justice ordonnant la cessation de l'Accord au 30 novembre 2018, la Cour d'appel du Bangladesh a accordé plusieurs reports pour permettre aux tenants de l'Accord, au gouvernement et à l'association des employeurs BGMEA d'arrêter les modalités de transfert des fonctions inscrites dans l'Accord. Les instances de l'Accord ont élaboré un plan détaillé et responsable qu'elles ont soumis aux deux parties en septembre 2018. Il consiste en un transfert de la responsabilité des inspections et remises en état des usines soumises à l'Accord par étapes, en fonction de la capacité démontrée de l'organe compétent du gouvernement, le RCC, à reprendre ces fonctions.
Le gouvernement refuse systématiquement toutes conditions au transfert des fonctions, affirmant (sans en apporter la preuve) que le RCC répond déjà à tous les critères de fonctionnement définis par l'OIT et acceptés par lui. Or, l'OIT et la Commission européenne ont déclaré à plusieurs reprises que le RCC est loin d'être prêt à assumer les fonctions de l'Accord. Près de 200 grandes marques et chaînes internationales ont signé l'Accord de 2018 parce que, cinq ans après le drame du Rana Plaza, le gouvernement n'avait toujours pas adopté de réglementation satisfaisante. Les choses n'ont guère changé depuis. En outre, le fait qu'il refuse la présence de critères dans un plan de transition jette le doute sur l'état de préparation que le gouvernement proclame.
En l'absence de toute transparence et d'une garantie vérifiable que le degré de sécurité sans précédent atteint dans les usines sujettes à l'Accord sera maintenu, les grandes enseignes mondiales qui se fournissent au Bangladesh ne peuvent prendre le risque d'un retour aux conditions qui ont entraîné l'effondrement de l'immeuble du Rana Plaza en 2013.
Les parties doivent à nouveau comparaître devant la Cour d'appel le 18 février pour rendre compte du résultat de leurs négociations. Les représentants des syndicats et des marques ont écrit au gouvernement et à la BGMEA dans une toute dernière tentative pour obtenir un accord sur un plan de transition responsable. Si le gouvernement persiste à ne pas fournir de garanties crédibles, les parties devront indiquer à la Cour qu'aucun accord n'a pu être trouvé. On peut difficilement dire comment celle-ci réagira, mais il est peu probable qu'il mette fin de manière brutale à l'arrêt immédiat des fonctions de l'Accord.
Après plus de cinq ans de travail intense et d'investissement dans un Accord qui a obtenu un niveau de sécurité sans précédent dans les ateliers de confection du Bangladesh, il serait ahurissant que le gouvernement balaie tout cela de la main pour mettre une fois encore en danger les vies de ses millions de travailleuses et travailleurs et risquer la réputation de l'industrie du vêtement du Bangladesh.