20 février, 2015La journée d'action du 18 février au Mexique revêtait une importance particulière pour les syndicats indépendants.
Le gouvernement se plaît à proclamer que le Mexique est un pays "sans grèves". Mais en réalité, cette situation n'est pas le fruit d'un dialogue social digne de ce nom; elle confirme plutôt que le droit de grève ne s'impose pas en tant que tel, mais qu'il découle de la liberté syndicale, un droit inexistant dans la pratique au Mexique.
Pour marquer cette journée d'action, IndustriALL Global Union a adressé aux 500 participants à l'assemblée plénière de l'Union nationale des travailleurs (UNT) un message dans lequel il s'est engagé, aux côtés d'autres organisations démocratiques, à défendre le droit de grève.
Le Syndicat mexicain des électriciens (SME) avait lui aussi invité la Responsable régionale d'IndustriALL, Laura Carter, à prendre la parole devant plus de 800 de ses adhérents à une manifestation organisée à l'occasion de cette journée d'action. Et les syndicats indépendants qui participaient à une réunion de coordination ont appuyé les appels lancés au gouvernement pour qu'il défende le droit de grève à l'OIT.
Depuis la réforme de la législation du travail de 2012, les attaques contre les droits au travail se multiplient. Les syndicats indépendants et leurs dirigeants démocratiquement élus sont régulièrement privés de reconnaissance juridique tandis que les syndicats jaunes et leurs "contrats de protection" corrompus sont imposés aux travailleurs. Les grèves, lorsqu'il y en a, sont fréquemment jugées illégales. L'exemple le plus récent de cette érosion des droits au travail est la tentative de faire passer une réforme constitutionnelle qui priverait de leurs droits collectifs des milliers de travailleurs employés dans des organes de l'État décentralisés (à savoir, la réforme de l'article 123 b).
Les syndicats indépendants pourraient aussi être affectés si le réexamen de l'application de la convention 87 de l'Organisation internationale du travail et le traitement de la plainte déposée par IndustriALL auprès du Comité de la liberté syndicale de cette organisation étaient mis en veilleuse du fait de la déstabilisation des organes de contrôle de l'OIT provoquée par le Groupe des employeurs.
En tant que participant à la prochaine réunion tripartite sur le droit de grève et que membre du Conseil d'administration de l'Organisation internationale du travail, le gouvernement mexicain participera à la décision sur l'opportunité de soumettre la question à la Cour internationale de justice en vue d'une interprétation définitive, la piste que préconise le mouvement syndical international.