3 juin, 2021Un mois après le début du mouvement de protestation en Colombie, le Comité de grève national appelle à de nouvelles manifestations à la suite du refus du gouvernement de signer un accord préliminaire garantissant un caractère pacifique aux protestations.
Des manifestations ont eu lieu dans toute la Colombie depuis le 28 avril. Le Comité de grève national, composé d’organisations sociales, ethniques, communautaires et syndicales (dont beaucoup sont affiliées à IndustriALL), soutient la campagne depuis le début.
Le Comité demande maintenant au gouvernement de signer une proposition visant à garantir la démilitarisation des manifestations et le respect des droits de l’homme pour les participants. Le Comité a condamné la récente recrudescence de violence policière, en particulier dans la ville de Cali. Elle a également demandé au gouvernement l’abrogation de son décret de militarisation adopté le 28 mai, qui établit les instructions pour le maintien et le rétablissement de l’ordre public.
À ce jour, le Comité a recensé 70 décès dus à des violences policières au cours des manifestations (dont 14 le 28 mai à Cali), 51 blessures aux yeux, 1.502 arrestations arbitraires et 87 incidents de violence sexiste.
Igor Díaz, Président de Sintracarbón, a déclaré :
“La Colombie connaît d’importants troubles sociaux, la population civile se soulevant contre la répression de l’État. L’État reste sourd et de nombreuses personnes ont perdu la vie.
Le gouvernement a reculé sur certaines des réformes prévues, notamment en matière de fiscalité et de santé. Cependant, il reste encore beaucoup à faire et c’est pourquoi nous appelons à de nouvelles manifestations. Il est de notre responsabilité de sensibiliser la société et d’essayer de créer un autre type de pays.”
Le Comité affirme que c’est sous la pression des manifestations que le gouvernement a fait marche arrière sur ses réformes régressives de la fiscalité et des soins de santé. Le gouvernement a retiré sa réforme fiscale le 2 mai et les commissions du Sénat et de la Chambre des représentants ont rejeté la réforme des soins de santé le 19 mai.
Le Comité de grève a confirmé sa volonté de dialoguer avec le gouvernement. Il a soumis à la négociation une liste de revendications d’urgence, appelant à repenser le modèle économique, social et politique du pays et à donner la priorité à la lutte contre la pauvreté, les inégalités, la discrimination et la violence.
La Commission de l’application des normes, qui se réunira lors de la 109e session de la Conférence internationale du travail de l’OIT à Genève, a repris la Colombie dans sa liste des pays connaissant les violations les plus graves des Conventions internationales du travail. Le gouvernement colombien doit soumettre des informations sur les cas relatifs à la Convention 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical.
Le Secrétaire régional d’IndustriALL, Marino Vani, a déclaré :
“Nous sommes aux côtés du peuple colombien et condamnons la violence de l’État et du gouvernement. Les meurtres et les viols commis par les paramilitaires sont inacceptables et sont utilisés pour semer la crainte et la terreur.
Nous demandons instamment au gouvernement de changer d’attitude, d’en finir avec les balles et la répression, de faire du dialogue une priorité et d’apporter une réponse concrète au programme proposé par les citoyens actifs, représentatifs et syndiqués et de Colombie.”