19 avril, 2024Le comité exécutif de la région Asie-Pacifique d'IndustriALL Global Union s'est réuni en distanciel le 16 avril pour rassembler des leaders syndicaux soucieux d'afficher leur solidarité avec les luttes syndicales en cours dans toute la région. La réunion a été marquée par des discussions sur la progression de l'emploi précaire et par un appel général pour un travail décent pour tous.
Le comité des femmes, qui s'était réuni avant le comité exécutif régional, a mis en lumière les grands enjeux qui se posent aux travailleuses. Ce sont le harcèlement sexuel dans le secteur minier, un écart salarial prononcé entre hommes et femmes dans les sphères politique et économique, la nécessité d'inclure les personnes LGBTQI+ dans les syndicats, et les impacts de l'intelligence artificielle sur les travailleuses.
Les rapports présentés ont souligné la situation désastreuse des jeunes travailleuses au Myanmar, qui fuient le pays pour échapper à la loi sur la conscription forcée de la junte militaire. En Indonésie, l'entrée en vigueur de la Loi multiple (loi Omnibus) a fortement affaibli les droits des travailleurs.
Les affiliés d'IndustriALL d'Asie du Sud font pression sur les gouvernements pour qu'ils retirent les réformes régressives de la législation du travail et prennent des mesures pour endiguer les décès de mineurs et les accidents industriels, particulièrement au Pakistan et en Inde. Ils réclament aussi l'arrêt immédiat de la violence contre les syndicalistes et les activités syndicales légitimes, surtout au Bangladesh.
Devant les pressions énormes qu'exerce l'inflation, les affiliés d'IndustriALL des Philippines et de Malaisie réclament un salaire de subsistance décent. Aux Philippines, les syndicats soutiennent la Wage Recovery Act, qui propose une augmentation du salaire journalier de 150 pesos (2,70 $) dans le privé. Les syndicats malaisiens préconisent une politique salariale progressive obligatoire pour remédier à la stagnation des salaires.
Le vice-président d'IndustriALL et coprésident de la région Asie-Pacifique, Akihiro Kaneko, a déclaré :
"Il s'agit d'une année cruciale pour nous tous, les résultats des élections dans la région pourraient avoir une influence déterminante sur la situation des travailleurs. Il est extrêmement important que les syndicats de la région restent unis pour combattre les politiques de gouvernements hostiles aux travailleurs et protéger les droits de nos adhérents."
Les dirigeants syndicaux ont aussi fait rapport sur leurs pays respectifs et ont révélé des conditions d'emploi dramatiques. En Inde, par exemple, 40 pour cent des travailleurs du secteur manufacturier sont des contractuels qui n'ont pas, pour la plupart, de protection sociale ni de congés payés. L'entrée en vigueur, en 2021, du Code de la santé et la sécurité professionnelles et des conditions de travail a régularisé les contrats à durée déterminée indéfinis en Inde, ce qui a encore accru l'insécurité d'emploi.
En Indonésie, les affiliés ont négocié avec succès une politique de tolérance zéro contre la violence et le harcèlement fondés sur le genre dans 82 entreprises.
Khaing Zar, du Myanmar, a décrit la répression militaire qui se poursuit dans son pays et qui impacte fortement l'existence des jeunes travailleuses. De même, au Bangladesh, la répression des manifestations de l'an dernier pour le salaire minimum a été brutale, causant des blessés et des inculpations infondées contre des syndicalistes.
Les jeunes syndicalistes ont demandé instamment un renforcement des processus inclusifs dans les syndicats. Le secrétariat d'IndustriALL a fait rapport sur ses activités dans la région et sur les grandes actions syndicales. Le secrétaire général adjoint Kemal Özkan a rendu compte des actions au niveau global, y compris des discussions au conseil d'administration de l'OIT et d'une directive sur les droits de l'homme adoptée par le Parlement européen.
"Nous devons préparer notre organisation aux défis de demain. Il est essentiel d'adopter une stratégie efficace pour lutter pour les droits des travailleurs et pour les droits syndicaux dans la situation périlleuse que nous traversons. L'Asie-Pacifique est une région très importante, c'est pourquoi les apports de responsables de la région sont précieux,"
a déclaré Kemal Özkan.
Le comité des femmes de l'Asie-Pacifique, qui s'est réuni le 15 avril, a entamé un vaste dialogue sur la politique d'IndustriALL sur la violence et le harcèlement fondés sur le genre, le sexisme et la misogynie. Les discussions ont porté notamment sur la mise en application de cette politique, sur les plans en matière d'audits de genre participatifs et sur les initiatives de formation à l'intention des affiliés.
De grandes avancées ont été signalées au cours de la réunion, comme le fait que les Philippines aient ratifié la convention 190 de l'OIT au terme d'une longue campagne syndicale. Au Japon sont organisés des ateliers portant sur les préjugés sexistes conscients et inconscients, tandis que des leaders australiens ont souligné les éléments de la Fair Work Act relatifs à l'égalité de genre. Des dirigeantes d'Asie du Sud ont insisté sur l'importance d'une prise en compte de la violence et du harcèlement fondés sur le genre dans la région.