15 mars, 2019L'Algérie doit mettre en œuvre une véritable démocratie et mettre fin à la répression des syndicats indépendants et de la société civile, proclame IndustriALL Global Union alors que le Président Abdelaziz Bouteflika vient de renoncer à sa candidature à un cinquième mandat après des semaines de manifestations dans tout le pays.
L'annonce est tombée après que des milliers de travailleurs, dont des membres de notre affilié SNATEG, aient pris part à une grève générale organisée les 10 et 11 mars pour protester contre la tentative de ce vieillard de 82 ans à la santé chancelante de se maintenir au pouvoir.
L'élection présidentielle du 18 avril est suspendue mais personne ne sait quand Bouteflika se retirera.
Pour le Secrétaire général adjoint d'IndustriALL Kemal Özkan,
"L'Algérie a un besoin de démocratie, avec des règles et des institutions qui répondent à l'attente de la population, et des travailleurs en particulier. Le peuple algérien a beaucoup enduré au cours des vingt dernières années de l'ère Bouteflika. La société civile, les institutions démocratiques et les syndicats libres ont été confrontés à de nombreux défis, ont subi la répression et l'intimidation. Nous sommes solidaires de notre affilié SNATEG, de ses alliés et du peuple algérien qui luttent pour la démocratie, la dignité et les droits fondamentaux."
La capitale, Alger, était à l'arrêt ce dimanche. Aucun tram, train, bus ou métro ne circulait dans la ville. Des centaines d'étudiants ont défilé dans les rues pour clamer leur mécontentement face à ce gouvernement.
Selon le SNATEG, qui représente les travailleurs de la compagnie publique de gaz et d'électricité SONELGAZ, ceux-ci étaient très nombreux à se joindre à la grève, tandis que les travailleurs des chemins de fer et de l'agroalimentaire ont également posé l'outil.
Le SNATEG fait l'objet d'attaques incessantes des autorités algériennes qui ont tenté d'écraser ce syndicat indépendant de l'énergie en licenciant ses adhérents et en persécutant ses dirigeants devant la justice.
La grève générale, prévue pour cinq jours, a été annulée mais les syndicats se joindront, vendredi 15 mars, aux groupes d'opposition et à la société civile dans un défilé organisé pour réclamer une rupture totale avec le système en place et une nouvelle République.
Bouteflika est rentré en Algérie dimanche 10 mars après avoir passé deux semaines dans un hôpital de Genève, en Suisse. Ses apparitions publiques ont été rares depuis son attaque cérébrale de 2013.
Plusieurs grandes figures de l'opposition algérienne ont averti que le report de l'élection viole l'article 110 de la Constitution qui n'autorise une prorogation de la présidence qu'en cas de guerre. Elles ont exprimé leur soutien à la manifestation du 15 mars.