28 octobre, 2020Alors que Tanex, un fournisseur roumain d’Inditex, n’avais pas versé intégralement les rémunérations de certains de ses travailleurs, UNICONF, affilié d’IndustriALL, a contacté l’employeur, citant l’accord-cadre mondial d’IndustriALL avec Inditex comme direction à suivre pour aller de l’avant.
De nombreux emplois ont été perdus en Roumanie à cause de la Covid-19 et la pandémie a également entraîné un problème généralisé de salaires impayés. Mais les travailleurs hésitent à soulever ces questions auprès des syndicats par crainte de perdre leur emploi.
Ce printemps, une salariée de Tanex s’est ouverte publiquement de n’avoir perçu que la moitié seulement de son salaire. Elle n’était pas la seule parmi les 600 employés de l’usine de confection qui fournit le géant espagnol de la mode Inditex à recevoir ce que l’on appelle pudiquement un “salaire incomplet” en Roumanie. Cependant, dès lors qu’elle en avait parlé publiquement, Tanex l’a licenciée pour s’être tournée vers les médias.
Dan Năstase, Président d’UNICONF, a approché la direction de Tanex, qui ignorait l’existence de l’accord-cadre mondial (ACM) avec Inditex et a, dans un premier temps, refusé d’autoriser l’accès des syndicats à l’usine.
Selon le syndicat, avant la visite d’Inditex à l’usine en juin, le personnel d’une chaîne de production entière a été renvoyé chez lui. La raison officielle était un manque de matières premières, mais le syndicat soupçonne que la direction voulait s’assurer que personne ne soulèverait de problème avec la délégation.
La question a plutôt été discutée lors de la réunion du Comité syndical international d’Inditex en juin. Víctor Garrido, Coordinateur général du Comité syndical mondial d’Inditex, a soulevé la question avec la direction et peu après, UNICONF a réussi à rencontrer Tanex.
Un accord a été conclu entre la direction de Tanex et UNICONF, sur base de l’ACM et de la législation roumaine sur le dialogue social. La direction de Tanex s’engage à :
- respecter la liberté syndicale
- assurer le respect des dispositions de l’ACM
- informer IndustriALL, par l’intermédiaire de son affilié UNICONF, sur la mise en œuvre de ces dispositions
La direction a également accepté de faciliter les contacts entre UNICONF et les travailleurs des deux usines Tanex de Roumanie. Elles emploient environ 750 travailleurs.
Dan Năstase a ainsi réagi :
“Cet accord constitue un bon résultat si l’on considère que la réforme du droit du travail datant d’une dizaine d’années a gravement détérioré les conditions du dialogue social en Roumanie. Nous avons eu l’occasion de discuter franchement avec la direction de Tanex du fait que les syndicats sont ouverts à un dialogue constructif et ne cherchent pas à détruire l’industrie locale. Au contraire, avec des outils convenus mutuellement, nous pouvons obtenir des résultats positifs. La paix sociale ne peut être assurée que par le dialogue et les syndicats ont un rôle actif à jouer.”
Le Secrétaire général d’IndustriALL, Valter Sanches, a fait ce commentaire :
“Cela montre l’importance cruciale d’un ACM, avec un instrument de suivi tel qu’un Comité syndical mondial pour veiller sur les droits des travailleurs et travailleuses des fournisseurs. Celui-ci sera désormais également utilisé pour commencer à syndicaliser et nous espérons voir très bientôt les travailleurs et travailleuses construire leur propre syndicat sur leur lieu de travail grâce aux efforts d’UNICONF.”