28 avril, 2022La violence et le harcèlement basés sur le genre doivent être reconnus comme un risque professionnel et intégrés systématiquement dans les politiques de santé et sécurité existantes et nouvelles. Cette semaine, IndustriALL lance le deuxième chapitre de la recherche sur la violence et le harcèlement basés sur le genre (VHBG), avec un résumé des résultats dans le secteur de l’électronique.
Les travailleuses représentent une part importante de la main-d’œuvre dans les chaînes d’approvisionnement mondiales de l’électronique, en particulier dans l’assemblage de petits composants.
“Il y a peu de femmes à des postes de supervision et les promotions dépendent souvent du fait que les femmes se conforment à l'attitude des hommes et acceptent ce genre de badinage sexuel.”
a déclaré une dirigeante d’un syndicat d’usine de la CNM-CUT, au Brésil.
Les emplois se trouvent souvent dans de grandes usines situées dans des zones économiques spéciales ; de nombreuses travailleuses sont jeunes et migrantes. Le secteur de l’électronique se caractérise par des commandes fluctuantes, une production à flux tendu et des cycles de produits courts. Il en résulte un niveau élevé de travail temporaire et intérimaire, ainsi qu’un nombre important d’heures supplémentaires. De mauvaises conditions de travail, des heures supplémentaires non-souhaitées, un temps de repos insuffisant et la présence de produits chimiques toxiques exposent les femmes à la VHBG.
“Il s’agit principalement de harcèlement verbal dans l’usine (...) lorsqu’il y a pression sur la production, lorsque l’on doit produire 2.400 pièces en une heure, c’est là que la pression se porte [et que la] discrimination commence, comme le fait de ne pas permettre aux femmes d’aller aux toilettes, ce qui est néfaste pour elles,”
confie une représentante syndicale d’Indonésie.
Il existe peu de données sur la VHBG dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC), de l’électricité et de l’électronique.
“Nombreux sont ceux et celles qui n’en sont pas conscients ; pensant que seuls les abus physiques (agressions sexuelles) constituent un harcèlement sexuel. Il a été important de les aider à comprendre qu’il peut s’agir d’un harcèlement psychologique et nous avons à cet égard des programmes de sensibilisation au sein du syndicat.”
déclare Sanjyot Vadhavkar, Secrétaire nationale de la SMEFI, Inde.
Les syndicats jouent un rôle essentiel dans la prévention de la VHBG et veillent à ce qu’elle occupe une place centrale dans les programmes de santé et sécurité, y compris dans les évaluations de risques.
“En tant que syndicat, nous essayons de promouvoir une participation égale des hommes et des femmes et, dans le domaine de la SST, de prévenir la VHBG. Mais en sensibilisant chaque lieu de travail, y compris les lieux non syndiqués, nous pouvons améliorer la prise de conscience de l’ensemble de la société, ce qui conduira à une meilleure application des lois,”
indique une dirigeante syndicale japonaise.
Le leadership et la participation des femmes dans les syndicats sont essentiels pour lutter contre la VHBG. La syndicalisation des femmes et des jeunes a contribué à transformer les syndicats du secteur, avec davantage de femmes dirigeantes qui donnent la priorité à la VHBG.
Les femmes consultées recommandent :
- l’inclusion dans les conventions collectives de clauses sur toutes les formes de violence et de harcèlement, notamment le harcèlement sexuel et le harcèlement des LGBTIQ+.
- le renforcement des mécanismes de plainte existants
- une visibilité accrue à donner à la violence domestique en tant que problème présent sur le lieu de travail
Le Directeur d’IndustriALL pour les TIC, Alexander Ivanou, a déclaré :
“Il y a trois ans, la Convention de l’OIT sur la violence et le harcèlement a été adoptée. Les études d’IndustriALL ont révélé que près de la moitié des sites étudiés ont signalé des cas de VHBG. Dans le même temps, seul un tiers des syndicats avait une politique en matière de VHBG. La gravité du problème ne doit donc pas être sous-estimée. Nous, les syndicats, nous battons pour l’égalité des droits et des chances pour tous et, avec cette étude, nous écrivons une nouvelle page de ce combat.
Outre les nombreuses révélations sur la VHBG sur le lieu de travail, l’étude fournit une série de recommandations claires sur la manière de renforcer la visibilité et la sensibilisation par rapport à la VHBG dans le secteur. IndustriALL organise déjà des formations sur la VHBG et nous continuerons à veiller à ce que ce mal soit éradiqué de nos rangs, de nos lieux de travail et de nos foyers.”
L’étude présente les résultats d’entretiens menés avec 22 dirigeantes et représentantes syndicales du secteur de l’électronique, en Indonésie (syndicats d’usine FSPMI et LOMENIK), en Inde (SMEFI, SEM, Ever Electrics Pune union, Siemens Kalwa Unit union, Siemens Goa Unit union), au Japon (JEIU, JC Metal, Hitachi Workers Union, Murata Manufacturing Workers Union) et au Brésil (CNM-CUT).
Photo: © ILO/Asrian Mirza