28 juin, 2023Une série de lois contraires à la constitution signées par le Président tunisien et des ordonnances administratives émanant du président du Parlement et des autorités judiciaires entravent fortement le droit de la population tunisienne d'être informée, de contrôler l'activité des représentants de l'autorité et de leur demander des comptes.
En septembre 2022, le Président Kaïs Saïed a signé le décret-loi 54 qui réprime les délits liés aux systèmes d'information et de communication. Il s'est très vite avéré que cette nouvelle loi était conçue pour limiter la liberté d'expression et le débat public. Elle a été utilisée comme une arme pour emprisonner, menacer et harceler des journalistes, des personnalités et des citoyens qui ne font qu'exprimer des critiques. Parmi les journalistes victimes d'intimidation et de détention figurent le Président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Mohamed Yassine Jelassi, et le journaliste et dirigeant syndical Zied El-Heni.
Le 16 juin 2023, le parlement a annoncé que les journalistes ne seront plus autorisés à couvrir les travaux et les débats des commissions parlementaires. Dorénavant, les informations relatives aux travaux de ces commissions ne seront plus communiquées que par les bulletins officiels du parlement. Cette décision empêche le public de comprendre les travaux du parlement et restreint leurs possibilités de contrôler le travail des parlementaires.
Le 17 juin 2023, la Cour antiterroriste, qui dépend de la Cour d'appel de Tunisie, a interdit aux médias de publier la moindre information sur 20 dirigeants de l'opposition, juristes, activistes et journalistes emprisonnés après leur arrestation sur des chefs d'accusation de "conspiration contre la sécurité de l'État". Il s'agit là d'une décision arbitraire qui empêche les journalistes et le public de contrôler l'action des enquêteurs dans une affaire sensible.
Au début de l'année, le Conseil des Global Unions a exprimé sa solidarité avec les activistes et dirigeants de la centrale syndicale nationale UGTT arrêtés et harcelés par les autorités en Tunisie.
Le Conseil des Global Unions répète une fois encore que les attaques systématiques contre la liberté d'expression, les restrictions à l'accès à l'information et au contrôle du fonctionnement du parlement et du pouvoir judiciaire ainsi que la détention arbitraire de journalistes et de dirigeants syndicaux sont autant de signes que la Tunisie glisse lentement dans le totalitarisme. Nous exprimons par ces lignes notre soutien et notre solidarité avec les collègues de Tunisie qui luttent pour leurs droits et pour l'avenir de la démocratie dans leur pays. Nous appelons le président, le parlement et le pouvoir judiciaire à faire marche arrière et à garantir la liberté d'expression pour tous en Tunisie.
Les Global Unions signataires de cette déclaration commune sont :
- la Fédération internationale des journalistes
- la Fédération internationale des ouvriers du transport
- UNI Global Union
- la Confédération syndicale internationale
- l'Internationale de l'éducation
- l'Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de l'hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes
- l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois
- IndustriALL Global Union
- la Commission syndicale consultative auprès de l'OCDE