24 juillet, 2024Neuf mois ont passé depuis que le gouvernement du Bangladesh a revu le salaire minimum, pourtant les travailleurs bangladais sont toujours aussi mal lotis à cause d'une forte inflation couplée à des salaires extrêmement bas.
Avec une inflation plafonnant à plus de neuf pour cent, le pouvoir d'achat ne cesse de diminuer. En novembre dernier, le gouvernement a augmenté le salaire minimum d'un travailleur de l'habillement débutant de 8.000 takas (67 $) à 12.000 takas (105 $), la moitié de ce que les syndicats réclamaient.
En réaction à cette hausse qui correspondait davantage aux propositions des employeurs, les travailleurs et leurs syndicats ont organisé des manifestations de masse à Dacca. Les protestations des travailleurs se sont heurtées à une réaction brutale de la police qui a fait au moins quatre morts et plusieurs blessés graves. Les autorités ont aussi ouvert des poursuites pénales contre des manifestants et des leaders syndicaux.
Les affiliés d'IndustriALL signalent que 43 procédures pénales au moins ont été entamées contre 20.000 personnes et que plus d'une centaine de travailleurs ont été incarcérés à la suite des manifestations contre le salaire minimum. Beaucoup ont perdu leur emploi et les employeurs les ont inscrits sur des listes noires; ils auront ainsi du mal à retrouver un autre emploi.
Les syndicats, dont nos affiliés, demandent que le harcèlement des travailleurs cesse immédiatement, que toutes inculpations pénales soient abandonnées et que les travailleurs soient convenablement indemnisés, ainsi que les familles que ceux qui ont été tués par la police.
Ils demandent aussi comment les travailleurs pourraient maintenir un niveau de vie décent avec les salaires de misère qui leur sont payés et les prix élevés des denrées de base. Le mois dernier, les affiliés d'IndustriALL ont organisé une conférence de presse pour demander que le gouvernement alloue des ressources à un plan alimentaire pour les travailleurs de l'habillement qui leur permettrait d'acquérir des produits de première nécessité à prix réduits. Cette conférence s'est tenue après la session budgétaire du parlement qui a refusé cette mesure malgré les promesses faites l'an dernier par le premier ministre.
Pour Shahidul Badal, le secrétaire général du Conseil d'IndustriALL pour le Bangladesh :
"Le salaire minimum annoncé pour le secteur RMG devrait être appliqué dans toute l'industrie sans aucun retard et toutes les procédures pénales intentées contre des travailleurs de l'habillement abandonnées immédiatement."
Les affiliés d'IndustriALL demandent aussi que le salaire minimum révisé soit appliqué sans réserve dans tous les ateliers de confection du pays.
Crédit photographique : Crozet M. / ILO