30 septembre, 2021Le troisième Congrès d’IndustriALL a adopté une résolution condamnant la répression des syndicats libres en Algérie et demandant la libération de tous les militants pro-démocratie, en particulier celle du syndicaliste Ramzi Dardar.
En Algérie, une campagne pour la démocratie et les droits humains fondamentaux appelée le Hirak (ce mot signifie “mouvement” en arabe) proteste pacifiquement depuis février 2019. Des syndicats libres et démocratiques, dont les affiliés d’IndustriALL SNATEG et UAI, ont été à l’avant-garde de ce mouvement.
Le gouvernement algérien a répondu par de dures attaques contre les militants du Hirak, et en particulier les dirigeants syndicaux. Le mouvement syndical indépendant et démocratique de l’Algérie fait les frais de la répression étatique, politique, policière, administrative et judiciaire en cours, ignorant les observations de la Commission d’experts de l’OIT de février 2020, avec un nombre croissant de syndicalistes harcelés ou emprisonnés.
Plus récemment, le dirigeant syndical Ramzi Dardar de l’Union Algérienne des Industries (UAI), affiliée à IndustriALL, a été arrêté le 30 juin 2021. Il est accusé de terrorisme, d’atteinte au moral de l’armée et d’atteinte à l’unité nationale par ses publications sur les réseaux sociaux. Le 18 juillet 2021, le tribunal a confirmé l’ordonnance du juge et Ramzi a été envoyé à la prison de Batna.
IndustriALL, ainsi que d’autres fédérations syndicales internationales, ont demandé à l’OIT d’intervenir d’urgence auprès du gouvernement algérien pour exiger sa libération immédiate et l’abandon de toutes les charges. Le gouvernement algérien a réagi le 2 août en transférant Dardar dans une section de la prison destinée aux condamnés à mort et aux accusés de terrorisme. La date du procès n’a toujours pas été fixée. Sa santé physique et mentale se détériore.
La résolution a été présentée au troisième congrès d’IndustriALL le 15 septembre par Raouf Mellal, militant exilé du SNATEG, qui a parlé de son expérience d’arrestation violente et de répression qui l’a conduit à demander l’asile en Suisse.
Il a déclaré :
“Le bilan de la répression judiciaire, policière et administrative de ces deux dernières années est effarant, illustré par des milliers de personnes licenciées et arrêtées et les centaines de personnes emprisonnées à cause de leurs publications sur les médias sociaux...
Le régime militaire algérien accuse les syndicalistes démocratiques de terrorisme. Il s’agit d’une escalade dangereuse après nous avoir précédemment accusés de calomnier les institutions ou d’inciter à des rassemblements et à des grèves. Le meilleur exemple de ce qui arrive à des dizaines de syndicalistes en Algérie est peut-être ce qui arrive à notre collègue Ramzi Dardar, qui a été emprisonné en août, accusé d’avoir rejoint une organisation terroriste.
Ainsi, chers camarades, je vous demande de soutenir le projet de résolution urgente condamnant ce que fait le régime militaire en Algérie et de nous soutenir pour consacrer les droits syndicaux, réintégrer tous ceux qui ont été licenciés et libérer tous les prisonniers.”
La résolution, telle qu’adoptée,
- condamne fermement la criminalisation continue de la part du gouvernement algérien du droit de syndiquer et d’exercer des activités syndicales, ainsi que la répression contre les syndicats libres et démocratiques ;
- exhorte le gouvernement algérien à se conformer aux résolutions de la Commission de l’application des normes et conventions de l’OIT de sorte à cesser de violer les conventions internationales ratifiées ;
- exprime sa solidarité et son soutien envers le mouvement algérien pour la démocratie et les syndicats libres et démocratiques, en particulier à ses affiliés UAI et SNATEG ;
- demande au gouvernement algérien de libérer immédiatement tous les militants du mouvement Hirak et les dirigeants syndicaux, en particulier Ramzi Dardar.