8 novembre, 2019L'Algérie est en proie à une grève générale de trois jours. La moitié de la population a cessé de travailler dans l’ensemble du pays pour exiger la démocratie, la liberté et les droits des travailleurs, ont indiqué les syndicats.
Les travailleurs de l'industrie, de l'énergie, des transports, du secteur public, ainsi que des milliers d'étudiants soutiennent la grève générale organisée par les syndicats indépendants en Algérie du 5 au 7 novembre.
L’affilié à IndustriALL Global Union, SNATEG, qui représente les travailleurs chez Sonelgaz, le distributeur public de gaz naturel et d'électricité, a déclaré que 47% de la population se sont joints au mouvement le premier jour de grève générale. La participation a été particulièrement élevée chez Sonelgaz, tandis que l'enseignement supérieur a été complètement paralysé à travers le pays, les enseignants et les étudiants ayant rejoint les travailleurs pour exiger la démocratie, a déclaré SNATEG. Selon les syndicats indépendants, la grève générale a été suivie dans 37 provinces sur 48 en Algérie.
Dans une lettre de soutien à la Confédération syndicale indépendante, COSYFOP, dont fait partie SNATEG, le Secrétaire général d'IndustriALL, Valter Sanches, a déclaré:
« Nous sommes très fiers du rôle central que jouent les syndicats indépendants et votre fédération au sein du mouvement démocratique qui lutte pour la liberté syndicale, dans le but de mettre fin à la répression et au harcèlement des organisations syndicales indépendantes, et de permettre la réinsertion de tous ceux qui ont été licenciés en raison de leurs activités syndicales. Nous réaffirmons notre soutien inconditionnel à votre lutte. »
Le Président algérien, Abdelaziz Bouteflika, âgé de 82 ans et souffrant, s’est retiré en avril dernier, après que des millions d'Algériens soient descendus dans la rue pour s'indigner de sa candidature à un cinquième mandat. Néanmoins, les manifestations hebdomadaires se sont poursuivies dans un effort pour renverser le régime politique.
A la veille de la grève, SNATEG a indiqué dans une déclaration:
« Le départ de Bouteflika avait donné aux travailleurs du groupe l'espoir d'un changement... (mais) non seulement rien n'a changé, mais notre situation sociale continue de se détériorer. »
Les élections pour élire un nouveau Président ont été annoncées pour le 12 décembre, mais cinq des 23 candidats sur la liste finale sont des membres de l'establishment politique, dont deux anciens Premiers ministres.
Le président du SNATEG, Raouf Mellal, a déclaré :
« Nous rejetons catégoriquement ces élections militaires truquées, qui visent à torpiller tout changement démocratique. C'est l'occasion pour nous de créer un État civil respectueux des lois, et nous irons jusqu'au bout pour rétablir pacifiquement la souveraineté du peuple. »