6 septembre, 2023Les syndicats du Kirghizstan se battent depuis des années pour les droits fondamentaux des travailleurs et, récemment, la liberté d’expression a également été mise à mal dans le pays. Malgré quelques changements suite à une plainte déposée auprès de l’OIT, beaucoup de travail reste à faire.
Le Syndicat des mines et de la métallurgie du Kirghizstan a déposé un dossier (3386) auprès du Comité de la liberté syndicale de l’Organisation internationale du travail (OIT) en 2020, exposant les violations systématiques des droits syndicaux dans le pays, en particulier la violation de la liberté syndicale et le harcèlement des dirigeants syndicaux.
Suite à cette plainte, le Conseil suprême (Parlement) de la République kirghize a adopté une résolution en juin 2022. Cette résolution établit une commission chargée d’examiner la mise en œuvre de la loi sur les syndicats de la République kirghize.
En juin de cette année, le Conseil suprême a adopté une autre résolution contenant une série d’instructions. Ces directives comprenaient la modification de la loi sur les syndicats, la poursuite de la numérisation et des réformes du personnel au sein des syndicats, ainsi que la refonte des structures syndicales. La Fédération des syndicats du Kirghizistan a été chargée de proposer des modifications aux chartes et de revoir les accords sur la location des biens syndicaux.
Suite à ces nouveaux développements, IndustriALL a soumis une mise à jour sur cas 3386 concernant le Kirghizstan, en août, avec de nouvelles informations témoignant de la pression incessante exercée par les autorités sur les syndicats en restreignant la liberté syndicale et le droit à l’autodétermination.
Alors que les droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses continuent d’être remis en question, les autorités kirghizes ont intenté en août dernier une action en justice visant à faire fermer le média en ligne indépendant Kloop Media Public Foundation. L’action en justice faire valoir que Kloop Media n’aurait pas été enregistré en tant que média de masse et qu’il aurait mené des activités médiatiques non répertoriées dans sa charte. Elle fait également référence à une enquête préliminaire sur les activités de la fondation, ouverte en novembre 2021, qui l’accuse d’avoir enfreint le code pénal du Kirghizstan.
Cette mesure, qui restreint la liberté d’expression au Kirghizstan, a suscité l’indignation dans le monde entier. Human Rights Watch a condamné cette action comme faisant partie d’une série d’attaques contre la liberté des médias et la liberté d’expression, incompatibles avec les obligations internationales en matière de droits de l’homme, et a appelé au retrait immédiat de cette plainte.
“Ces actions soulèvent des inquiétudes quant à l’ingérence dans les activités internes des syndicats. Ces mesures risquent de restreindre les droits des syndicats à élaborer leurs chartes, à organiser leurs structures internes et à mettre en œuvre leurs plans d’action de manière indépendante.
L’évolution récente de la situation montre l’urgence de notre action collective pour garantir que le Kirghizstan respecte ses engagements en matière de liberté d’association et d’expression, ainsi que les droits fondamentaux de ses citoyens,”
a déclaré le Secrétaire général d’IndustriALL, Atle Høie.