2 avril, 2015Une grève de deux mois des mineurs mauritaniens de l’industrie du minerai de fer affecte l’ensemble du pays, affirment les syndicats. La Mauritanie est le second plus grand exportateur africain de minerai de fer et ce secteur est vital pour son économie qui a du mal à joindre les deux bouts.
Plus de 3.000 syndiqués, dont les mineurs de Zouerate dans le nord du pays et les travailleurs qui s’occupent du traitement du minerai de fer à Nouadhibou, se croisent les bras depuis le 28 janvier, après que la Société nationale industrielle et minière (SNIM) a refusé d’honorer une hausse des salaires qui avait été conclue à la mine de Zouerate.
Les travailleurs, issus de l’affilié d’IndustriALL, la Fédération Nationale de l’Énergie, des Hydrocarbures, des Mines et de l’Industrie (FNEHMI), entament leur dixième semaine de grève après que la SNIM a failli à appliquer les hausses salariales ainsi que les primes de production pourtant convenues entre la SNIM et la FNEHMI par convention collective en octobre 2014.
Plus de 90% des membres de la FNEHMI soutiennent la grève, qui a également le soutien d’organisations de la société civile et de l’opposition politique.
“Cette grève met l’ensemble du pays dans l’embarras. Il faut qu’il y ait d’urgence un dialogue constructif,” a déclaré un leader de l’opposition.
Depuis le début du conflit, plus de 400 grévistes ont été licenciés.
Le leader syndical Abdel M’haimid confie :
“Non seulement la SNIM refuse tout contact avec les représentants des travailleurs, mais elle aggrave une situation déjà explosive en prétendant que la convention collective est obsolète, nulle et non avenue.
M’haimid a indiqué que la grève avait un impact financier désastreux sur l’entreprise étatique.
“Il est aussi regrettable que la SNIM remplace les salariés licenciés par des sous-traitants externes qui n’ont pas l’expérience pour manipuler la machinerie, qui en peu de temps peut être rendue inutilisable par manque d’attention et usage inadéquat,” ajoute-t-il.
L’entreprise prétexte la chute du cours du minerai de fer pour n’avoir pas appliqué les hausses salariales. Mais les syndicalistes contestent cette approche et indiquent que des investissements massifs dans d’autres projets ont pesé lourdement sur les finances de la société.
Les leaders syndicaux exigent que la SNIM verse ce qu’elle a promis, réintègre les licenciés et revienne à la table des négociations.
Dans un courrier au PDG de la SNIM, le Secrétaire général d’IndustriALL, Jyrki Raina, déclare que le refus de la SNIM d’appliquer la convention collective “renvoie une bien mauvaise image de l’intégrité de votre entreprise et ne peut être interprété que comme une tentative anti-syndicale pernicieuse et une attaque injustifiable contre la négociation collective.
“J’appelle instamment la Société nationale industrielle et minière à respecter les termes conclus dans la convention collective,” ponctue Jyrki Raina.