5 novembre, 2024Les débats de la Conférence sur la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme et l’industrialisation de l’Afrique, qui s’est tenue en Éthiopie, à Addis-Abeba, les 23 et 24 octobre, ont conclu que les droits des travailleurs et les droits de l’homme étaient essentiels au développement économique du continent.
La conférence a eu lieu environ un mois avant la Journée de l’industrialisation de l’Afrique, qui se tient le 20 novembre. Quant à elle, la Semaine de l’industrialisation aura lieu du 25 au 29 novembre en Ouganda, à Kampala, et aura pour thème : “Tirer parti de l’intelligence artificielle et de l’industrialisation verte pour accélérer la transformation structurelle de l’Afrique”.
Elle a été organisé par la structure d’IndustriALL pour la région de l’Afrique subsaharienne avec le soutien de la Fédération unie des syndicats danois 3F. 72 délégués issus de 18 pays africains y ont participé alors que 22 participants d’Allemagne, de Suisse, de Belgique et d’autres pays africains les ont rejoints en ligne. Parmi eux figuraient des participants de l’OIT d’Addis-Abeba ainsi que de la FNV.
Parmi les sujets abordés figuraient la question de savoir si le programme de développement de l’Afrique est entravé par la malédiction des ressources et comment cette malédiction peut être contrée. Selon les agences et les experts des Nations unies, les vastes ressources minières de l’Afrique ne parviennent pas à favoriser le développement du continent en raison des flux financiers illicites, des minerais de conflit, de la corruption, des accords commerciaux inéquitables et des politiques économiques défavorables aux pauvres. Au contraire, les mauvaises conditions de travail, un chômage élevé, le travail des enfants, la dégradation de l’environnement, la pauvreté et l’inégalité continuent de prévaloir.
On retrouvait également à l’ordre du jour les défis auxquels sont confrontés les syndicats dans un monde du travail en pleine mutation, notamment l’essor des technologies numériques et de l’automatisation, l’accès limité à une connexion internet fiable et le passage d’emplois permanents à des conditions de travail précaires.
Les intervenants ont insisté sur la nécessité de faire respecter les législations nationales du travail, sur le fait que les multinationales doivent respecter les normes internationales de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme dans leurs activités et sur le potentiel du modèle éthiopien de parcs industriels pour stimuler le développement économique sur le continent.
Les syndicats ont été invités à organiser des actions à l’occasion de la Journée de l’industrialisation africaine et en faveur de la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme au niveau national. L’accent a été mis sur le fait que les débats s’orientent vers des lois contraignantes en matière de diligence raisonnable afin de garantir le respect des règles par les multinationales et les entreprises locales. Les participants ont estimé qu’il était essentiel de promouvoir une diligence raisonnable axée sur la transformation de la perspective de genre et d’assurer une transition juste vers des sources d’énergie renouvelables.
Les intervenants provenaient de la Confédération des syndicats éthiopiens, de la CSI-Afrique, du PNUD Afrique, de l’UNECA, du bureau de la FES pour l’Union africaine, de la FES Éthiopie et d’organisations de soutien aux travailleurs, dont l’Institut de recherche Sam Tambani (SATRI) et l’Institut de recherche sur le travail et l’économie du Zimbabwe (LEDRIZ). Des affiliés d’Europe, de l’IGBCE et de l’ACV-CSC sont également intervenus.
Hod Anyingba, Directeur exécutif de l’Institut africain de recherche et d’éducation sur le travail de la CSI-Afrique, a souligné que l’industrialisation créait des emplois, valorisait les matières premières et augmentait la résilience des économies africaines. La promotion de l’intégration économique régionale, le renforcement des capacités humaines, le développement des infrastructures et des institutions, ainsi qu’une meilleure facilitation du commerce sont d’autres facteurs qui méritent l’attention.
Toutefois, pour protéger les économies de la volatilité des marchés, les lois sur le contenu local peuvent exiger des industries extractives qu’elles investissent dans la fabrication nationale et les processus à valeur ajoutée. Il a cité les lois nigérianes sur le contenu dans le secteur du pétrole et du gaz, qui ont créé des dizaines de milliers d’emplois.
Les discussions qui ont suivi la conférence ont permis d’élaborer une perspective politique des syndicats africains sur les minerais de transition essentiels et de plaider en faveur de politiques qui encouragent la valorisation locale des minerais essentiels.
Brendah Phiri-Mundia, de la division de l’intégration régionale et du commerce à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, a souligné le potentiel de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) dans la promotion de l’intégration régionale et du commerce intra-africain. Les revendications des syndicats concernant la double transformation des règles d’origine dans le secteur du textile et de la confection ont également été discutées.
Victoria de Mello, du Centre de service régional pour l’Afrique du PNUD, a expliqué pourquoi il est important pour les syndicats d’utiliser des stratégies et des outils qui incluent la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples et d’autres instruments de l’UA.
Les plans d’action nationaux sur les entreprises et les droits de l’homme ont été identifiés comme des points d’entrée importants pour des interpellations de la part des syndicats auprès des gouvernements, des instituts nationaux des droits de l’homme et d’autres parties prenantes au niveau national.
La législation allemande sur la diligence raisonnable et ses implications pour l’Afrique subsaharienne étaient également à l’ordre du jour. Susanne Stollreiter, représentante de la FES en Éthiopie, a indiqué que la loi avait le potentiel de renforcer les droits de l’homme et des travailleurs en Afrique.
Joel Akhator Odigie, Secrétaire général de la CSI-Afrique, a déclaré :
“Les syndicats doivent adopter une approche centrée sur le développement lorsqu’ils s’impliquent dans l’industrialisation et le soutien de la justice énergétique, en particulier la pleine utilisation de l’énergie solaire.”
Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, a déclaré :
“La notion d’inclusion au niveau de la gouvernance mondiale et le multilatéralisme démocratique sont importants pour tenir les multinationales responsables de leurs activités et de leurs chaînes d’approvisionnement en Afrique. En outre, au niveau régional, les syndicats doivent s’impliquer auprès de l’Union africaine, de la Banque africaine de développement et de la ZLECA et les interpeller.”