18 décembre, 2017Les travailleurs et travailleuses du Brésil ont remporté une importante victoire : la Cour suprême de leur pays a prononcé l’interdiction de l’usage et de la vente de l’amiante.
“Tout type d’amiante provoque le cancer des poumons, le mésothéliome, le cancer du larynx et des ovaires ainsi que l’asbestose (fibrose des poumons)”, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
L’OMS indique que l’exposition à l’amiante se produit par inhalation de fibres présentes dans l’air de l’environnement de travail, l’air ambiant dans le voisinage d’usines où l’on manipule de l’amiante ainsi que celui à l’intérieur de maisons et bâtiments qui contiennent des matériaux friables à base d’amiante.
Plus de 100.000 personnes par an meurent de maladies liées à l’amiante. Des millions de tonnes d’amiante sont extraites et vendues chaque année. La plupart des exportations sont à destination des pays en développement.
Une étude de Francisco Pedra de la Fondation Oswaldo Cruz a conclu que 3.718 personnes au Brésil étaient mortes de mésothéliome, un cancer causé par l’amiante, entre 1980 et 2010. La décision de la Cour de ce 29 novembre est donc cruciale à la fois pour les travailleurs et travailleuses et pour les communautés qui vivent à proximité des usines au Brésil.
La Cour suprême a jugé que la loi fédérale qui autorise l’usage dit “sûr” de l’amiante est anticonstitutionnelle, car elle viole des droits fondamentaux liés à la santé et à l’environnement. La décision interdit l’extraction, l’utilisation dans des biens manufacturés et la vente du produit dans tous les États de la Fédération.
L’amiante a été interdit dans plus de 70 pays, dont l’Allemagne, l’Argentine, le Chili, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni et l’Uruguay en raison des dangers mortels qu’il comporte. Le Brésil rejoint cette liste après un long débat juridique et bien qu’il est l’un des plus grands producteurs et exportateurs d’amiante au monde.
Deux des plus grandes centrales syndicales du Brésil, la CUT et Força Sindical (les affiliés d’IndustriALL Global Union du Brésil appartiennent à l’une ou l’autre de ces deux centrales), ont fêté l’interdiction. Elles ont publié des communiqués de presse la décrivant comme une victoire majeure pour le mouvement syndical, qui a fait campagne contre l’amiante, pour la défense de la santé et de la vie des travailleurs et travailleuses.
IndustriALL Global Union mène une campagne mondiale contre l’amiante. Le Comité exécutif d’IndustriALL, composé d’affiliés d’IndustriALL, a décidé cette année de prendre des mesures immédiates pour élaborer des programmes d’action nationaux en vue de l’élimination des maladies liées à l’amiante, en suivant les recommandations du Bureau international du Travail et de l’Organisation mondiale de la Santé, et ce, dans tous les pays, qu’ils aient déjà prononcé ou non l’interdiction.
L’amiante est utilisé dans la fabrication de plus de 3.000 produits, dont des matériaux de construction (tuiles, citernes, plaques) et des pièces de véhicules motorisés (freins, embrayage). Il est également utilisé pour l’isolation thermique.
Le Responsable régional d’IndustriALL, Marino Vani, fait le commentaire suivant sur la décision de la cour :
“Malheureusement, justice est faite seulement après de nombreuses années et de nombreux décès. C’est une victoire syndicale et un pas en avant pour la société brésilienne. Nous espérons que le gouvernement brésilien ainsi que ceux d’autres pays de la région, développeront des emplois et des revenus alternatifs pour les travailleurs et travailleuses employés dans les mines d’amiante et assureront les soins de santé pour tous ceux et toutes celles qui souffrent de maladies liées à l’amiante ou en contracteront à l’avenir".