11 avril, 2017IndustriALL Global Union a poursuivi sa campagne visant à mettre fin au commerce mortel de l’amiante à une réunion avec un haut fonctionnaire des Nations Unies à Genève, en Suisse, le 10 avril.
IndustriALL a rencontré Rolph Payet, Secrétaire exécutif de la Convention de Rotterdam, un traité des Nations Unies facilitant l’échange d’informations sur les produits chimiques dangereux inscrits sur sa liste, et prévoyant que leurs importations et exportations fassent l’objet d’un processus décisionnel au niveau national.
Lors de la réunion, IndustriALL a exprimé son plein soutien à la proposition émanant d’un groupe de 12 pays africains visant à modifier l’article 22 de la Convention de Rotterdam de sorte qu’aucun pays ne puisse s’opposer seul à l’inscription d’une substance dangereuse à l’annexe III de la Convention.
Durant la réunion, le Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Kemal Özkan, a déclaré:
L’objectif d’IndustriALL est de parvenir à une interdiction mondiale de l’amiante. Tous les ans, nous perdons des centaines de milliers de travailleurs à cause de l’amiante. Nous voyons cette proposition d’amendement de la Convention de Rotterdam comme une réelle opportunité et nous sommes ici pour exprimer notre souhait de la voir adopter.
La proposition vise à modifier le processus décisionnel afin qu’une substance dangereuse puisse être inscrite à la majorité des 75 pour cent des Parties votantes.
L’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste a été bloquée à plusieurs reprises par les pays ayant des intérêts financiers dans le commerce de l’amiante, bien que cette substance réponde à l’ensemble des critères scientifiques permettant de recommander son inscription sur cette liste, et que son inscription bénéficie du soutien écrasant de la majorité des Parties à la Convention. Deux millions de tonnes d’amiante chrysotile sont toujours extraites et vendues chaque année, principalement dans le monde en développement.
« Il s’agit de la santé et de la sécurité des travailleurs contre les intérêts et les profits des grands groupes. Notre mission est de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour changer la situation », a indiqué Özkan.
Payet a rappelé que la Convention de Rotterdam ne vise pas à interdire l’utilisation ou le commerce des produits chimiques figurant à l’annexe III, mais offre un cadre réglementaire permettant aux pays de décider s’ils souhaitent limiter, et dans quelle mesure, leurs importations futures. Les décisions prises au niveau de chaque pays déclenchent la procédure « de consentement préalable en connaissance de cause » inscrite dans la Convention, et requièrent la divulgation exacte des propriétés chimiques d’un matériau. Ces décisions sont ensuite communiquées à toutes les Parties et doivent être respectées.
L’Institut Chrysotile (anciennement dénommé l’Institut de l’amiante), un groupe de pression au service de l’industrie de l’amiante, a invoqué l’échec répété de l’inscription de l’amiante chrysotile à la liste de la Convention de Rotterdam comme étant la preuve en quelque sorte de sa possible utilisation en toute sécurité.
Payet a indiqué que la décision d’amender l’article 22 relève des Parties à la Convention et sera examinée lorsque ces dernières se réuniront à Genève, en Suisse, du 24 avril au 5 mai.
Des craintes ont été exprimées sur le fait que le changement du mode de prise de décision actuel pourrait faire échouer l’ensemble de la Convention, ce qui a été mis en doute par Brian Kohler, Directeur d’IndustriALL pour la santé, la sécurité et la durabilité, ayant également participé à la réunion:
Actuellement, la Convention est dysfonctionnelle. Qu’y a-t-il à mettre à mal?
IndustriALL a demandé à ses affiliés d’écrire à leurs gouvernements pour qu’ils appuient la proposition, et fait pression sur les décideurs pour qu’ils soutiennent l’adoption de l’amendement de l’article 22.