7 février, 2023Plus de 100 participants des affiliés d’IndustriALL dans le secteur du textile et de l’habillement se sont réunis en ligne les 2 et 3 février pour leur première conférence mondiale depuis 2016. Les discussions ont porté sur l’avancement des droits des travailleurs, le renforcement du pouvoir syndical, la confrontation avec le capital mondial et la garantie d’une politique industrielle durable, ainsi que sur les femmes travailleuses du secteur.
Le Secrétaire général d’IndustriALL, Atle Høie, a déclaré :
“Nous intensifions notre campagne pour des sanctions économiques complètes contre le Myanmar et nous travaillons dur avec les enseignes pour qu’elles sortent du pays de manière responsable, tout en protégeant les travailleurs et travailleuses.”
Les discussions ont porté sur l’apport d’un soutien fort aux campagnes de syndicalisation, notamment en utilisant les accords-cadres mondiaux pour protéger les droits des travailleurs à former des syndicats et à négocier collectivement. Le Migrant Resource Center de l’île Maurice a fait le point sur l’application mobile Just Good Work Mauritius. Cette application, développée l’année dernière en collaboration avec IndustriALL, Anti Slavery International et la marque de vêtements en ligne ASOS, fournit des informations et des ressources éducatives sur les droits des travailleurs. Les travailleurs migrants sont informés de leurs droits et peuvent signaler les cas d’abus. Les informations sont accessibles en bangladais, en anglais et en malgache.
La campagne en faveur d’usines sûres est fondamentale pour le secteur et, en décembre 2022, l’Accord international a été étendu au Pakistan. Les affiliés de la région MENA ont ajouté qu’une campagne régionale pour des usines sûres a été lancée et ont appelé à l’extension de l’Accord international à leur région.
Les affiliés se sont engagés à soutenir les réseaux syndicaux constitués auprès des multinationales de la confection. Les interventions du Bangladesh ont évoqué les avantages de faire partie du réseau syndical mondial de Coats et la manière dont ce réseau a soutenu la réduction du travail en sous-traitance, a contribué à garantir que les salaires soient supérieurs au niveau minimum national et a promu les relations sociales.
Dans son rapport intitulé “Risques de violence et de harcèlement fondés sur le sexe : réponses syndicales dans les secteurs de l’exploitation minière, de l’habillement et de l’électronique”, Jane Pillinger a mis en évidence les risques auxquels sont confrontées les femmes dans le secteur de l’habillement, tels que l’insécurité de l’emploi, les bas salaires, les inégalités et la discrimination fondées sur le sexe, ainsi que les dangers liés aux déplacements entre le domicile et le lieu de travail. Pour lutter contre ces risques, les femmes doivent être fortement présentes aux postes de direction afin de sensibiliser le public et les conventions collectives doivent inclure des clauses relatives à la violence liée au sexe et à la création de systèmes de dépôt de plainte sûrs pour les femmes.
Les réseaux des femmes d’Indonésie et de la région MENA ont présenté la campagne “Tolérance zéro”. Les syndicats et les employeurs des chaînes d’approvisionnement de H&M, Nike et Adidas ont participé à une conférence de dialogue social pour un engagement commun, signé par dix syndicats et entreprises. Grâce à cette politique, les syndicats et les employeurs élaboreront des stratégies pour s’assurer que les cas de harcèlement sexuel signalés ne restent pas sans suite. Cette politique sera intégrée aux conventions collectives et garantira des espaces de travail sûrs. Elle sensibilisera également à la tolérance zéro en matière de violence et de harcèlement sexuel.
Un plan d’action sectoriel de quatre ans a été débattu et approuvé. Le plan d’action sur la négociation collective sectorielle se concentre sur la promotion de cette démarche afin de réduire les inégalités, d’améliorer les salaires et les conditions de travail et d’empêcher que des normes inférieures soient utilisées pour donner un avantage concurrentiel à certaines entreprises. Le Syndicat des travailleurs de l’habillement et du textile d’Afrique australe (SACTWU) a évoqué son processus de négociation collective, indiquant que celui-ci était mandaté par les membres et que les mandats étaient collectés auprès des membres avant les négociations. Le SACTWU a mis en avant l’accord Covid-19, dans le cadre duquel les travailleurs ont reçu intégralement leur salaire pendant le confinement, ce qui a été obtenu grâce à des négociations entre syndicats et employeurs.
Christina Hajagos-Clausen, Directrice d’IndustriALL pour le textile, a déclaré :
“L’action collective, la marque de fabrique et ce qui fait la force du mouvement syndical international, nous a donné la capacité et les outils pour transformer la chaîne d’approvisionnement mondiale. Nous devons nous assurer que les conditions de vie de nos membres s’améliorent. IndustriALL s’engage à favoriser une solution sectorielle en faisant pression et en obtenant l’engagement des enseignes de stature mondiale, des fournisseurs et des gouvernements dans notre lutte pour le travail décent. Nous poursuivrons notre campagne pour un système de relations sociales qui modifie l’équilibre des pouvoirs dans la chaîne d’approvisionnement.”
Les participants ont choisi d’élire quatre coprésident(e)s pour le secteur. Il y aura deux hommes et deux femmes, deux des vice-président(e)s seront issus des pays producteurs et deux des pays des consommateurs et des enseignes.