18 août, 2023Le 16 août, H&M, numéro deux mondial de la mode, a annoncé sa décision de stopper progressivement de s'approvisionner au Myanmar, à mesure que se multiplient les accusations de maltraitance dans les ateliers de confection du pays.
La marque a annoncé mener des enquêtes sur 20 accusations de mauvais traitements dans des usines de vêtements où elle se fournit, après la campagne menée par un collectif britannique qui dénonce la multiplication, depuis le coup d'État militaire de février 2021, des dénonciations d'abus tels que le vol des salaires et les heures supplémentaires imposées de force.
IndustriALL condamne avec énergie le coup d'État des militaires au Myanmar et collabore avec ses affiliés du Myanmar pour protéger des droits des travailleurs jusqu'au rétablissement de la démocratie. Il mène aussi inlassablement campagne pour convaincre les marques de désinvestir de manière responsable de ce pays.
En septembre 2021, pendant le troisième Congrès d'IndustriALL, 434 organisations syndicales de 111 pays ont adopté à l'unanimité une résolution en faveur de la démocratie au Myanmar. Son texte préconise des sanctions économiques globales contre la junte militaire. Les violations des droits de l'homme commises dans le pays rendent impossible tout commerce éthique car les entreprises ne peuvent garantir la sécurité de leurs personnels. En 2022, un rapport indépendant a confirmé l'impossibilité d'une diligence raisonnable sous une dictature militaire.
En novembre 2022, IndustriALL a entamé des discussions avec plusieurs marques de vêtements ayant des activités au Myanmar pour leur expliquer ce que serait une sortie responsable. Ces discussions ont abouti à des Principes directeurs pour un désengagement commercial responsable d'une marque du Myanmar.
Ce document n'est pas un engagement de ces marques à cesser leurs activités au Myanmar, mais un accord sur ce que serait une sortie responsable.
Les principes directeurs décrivent une sortie commerciale négociée avec les représentants des travailleurs qui garantirait la protection des droits des travailleurs, que ceux qui sont concernés reçoivent des indemnités de licenciement adéquates et qu'une solution sera apportée aux cas de violations des droits des travailleurs toujours en instance. Bien que ces principes directeurs aient été élaborés dans l'industrie du vêtement, ils peuvent s'appliquer à d'autres secteurs de l'économie.
Le bilan du géant suédois de la mode ESG est meilleur que ceux de beaucoup de ses homologues et les pratiques commerciales responsables de cette entreprise ont bâti une relation constructive avec IndustriALL qui pourtant se demande pourquoi elle refuse de cesser de s'approvisionner au Myanmar. À l'Assemblée générale annuelle de H&M, en mai dernier, IndustriALL avait interrogé le distributeur sur la poursuite de ses activités dans ce pays.
Pour le secrétaire général d'IndustriALL, Atle Høie,
"H&M a finalement compris qu'il n'est pas possible de faire des affaires au Myanmar sans fouler au pied les droits humains et syndicaux fondamentaux. IndustriALL poursuivra sa campagne jusqu'à ce que toutes les grandes marques fassent de même. Les profits ne doivent jamais passer avant les droits des travailleurs."
Marie Nilsson, la présidente d'IFMetall, a déclaré :
"Le départ de H&M du Myanmar est une bonne nouvelle. Ils ont fait ce que nous et notre fédération mondiale, IndustriALL Global Union, leur avons demandé. Il faut que les droits humains et syndicaux soient respectés partout dans le monde; hélas, ce n'est pas le cas au Myanmar."