18 mai, 2017IndustriALL Global Union a écrit au Ministre du Travail d’Algérie pour condamner la radiation de son affilié, le syndicat de l’énergie SNATEGS et la mise à pied de son président, Raouf Mellal.
La décision de dissoudre le syndicat intervient quelques jours à peine avant une grève nationale prévue par les travailleurs et travailleuses de Sonelgaz, du 21 au 25 mai.
Dans un courrier daté du 16 mai, le Ministre affirme que le syndicat a contrevenu à la loi algérienne 90-14/1990, sans préciser en quoi.
Le simple fait de radier le syndicat va à l’encontre de cette même loi, qui stipule que la décision de suspendre ou dissoudre un syndicat ne peut être autorisée en dehors d’une procédure judiciaire en bonne et due forme.
De la même manière, la mise à pied de Raouf est en contradiction avec la loi algérienne et constitue une grave violation des Conventions 87 et 98 de l’OIT, qui ont été ratifiées par l’Algérie en 1962.
Dans sa lettre à M. Mohamed El Ghazi, le Secrétaire général d’IndustriALL, Valter Sanches, proteste contre les décisions à l’encontre de Mellal et du SNATEGS :
“Nous vous prions de restituer immédiatement le récépissé d’enregistrement du SNATEGS. Cependant, nous resterons attentifs à l’évolution de la situation et si tous leurs droits ne sont pas entièrement restitués avant la prochaine session de la Conférence internationale du Travail, nous soutiendrons le dépôt d’une plainte contre le gouvernement algérien auprès des institutions internationales pour violation des droits humains et syndicaux et abus de pouvoir.”
Mellal est pour l’instant engagé dans une bataille juridique pour faire appel d’une sentence de six mois de prison, prononcée par défaut en décembre, pour avoir été le lanceur d’alerte d’une corruption à grande échelle au sein de Sonelgaz. L’entreprise avait gonflé les factures d’électricité de plus de huit millions de consommateurs durant une période de dix ans. Le verdict de la cour sur cet appel a été fixé au 25 mai.
Le SNATEGS, qui représente environ 30.000 adhérents chez Sonelgaz, a organisé une série de grèves nationales et de manifestations contre les politiques anti-syndicales de l’entreprise au cours des derniers mois. En représailles, Sonelgaz a suspendu 93 membres du SNATEGS et engagé des procédures judiciaires contre plus de 600 adhérents, selon le syndicat.
Les membres et dirigeant du SNATEGS sont confrontés à un harcèlement et des persécutions constants, comme le met en lumière la récente vague d’arrestations qui a fait suite aux manifestations pacifiques tenues entre le 21 et le 23 mars, lorsque plus de 240 membres et dirigeants du syndicat ont été arrêtés et 30 femmes agressées physiquement.