15 décembre, 2022En août, Sento Chang a été condamné à 12 mois de prison après avoir pris la parole sur les réseaux sociaux pour partager le contenu de discussions que le syndicat a eues avec l’employeur. Le 9 décembre, une délégation d’IndustriALL a rencontré sa famille, s’entretenant avec ses beaux-parents des conditions très difficiles qu’elle doit désormais affronter.
Sento a 25 ans et travaillait chez E-Toile S.A. depuis six ans lorsqu’il a été condamné à une peine d’emprisonnement pour avoir fait rapport sur les élections syndicales, la mauvaise qualité de la nourriture dans l’entreprise, ainsi que sur les droits des travailleurs relatifs aux vacances et aux congés de maladie. Son syndicat, SVS, affirme que Sento est un délégué syndical emprisonné à tort, dont les droits à la liberté d’opinion, d’expression et d’association ont été gravement violés.
Les beaux-parents de Sento ont raconté à IndustriALL comment ils ont dû s’endetter pour pouvoir engager un avocat. Malgré des visites régulières au tribunal, cela n’a toujours pas abouti à des nouvelles positives concernant la libération de Sento, attendue de toute urgence. La famille décrit son séjour en prison comme très difficile, Sento se sentant trompé et déçu.
La famille, y compris ses enfants Alvin, 3 ans, et Aticia, 12 mois, s'efforce de rendre visite à Sento en prison une fois par semaine, en lui apportant la nourriture dont il a tant besoin. Selon une étude des prisons les plus dures du monde, la prison d’Antanimora, un établissement correctionnel à l’horrible réputation, ne fournit qu’un seul repas par jour, composé uniquement de manioc bouilli, ce qui entraîne une malnutrition chronique pour de nombreux prisonniers.
Lors de la visite d’IndustriALL à la famille de Sento. SVS lui a remis un colis de nourriture pour atténuer certaines de ses difficultés.
La veille de la rencontre avec la famille, SVS et IndustriALL ont essayé de voir la femme de Sento, qui travaille dans la même entreprise depuis cinq ans. Cependant, l’entreprise a fait savoir qu’elle ne pouvait pas sortir à l’heure du déjeuner, car elle était occupée.
SVS a lancé un appel au Ministère du Travail et au Premier Ministre de Madagascar, pour dénoncer une violation manifeste des conventions 87 et 98 de l’OIT. De nombreuses organisations, dont IndustriALL, la CSI et la CSI Afrique, ainsi que l’OIT, se sont adressées au gouvernement malgache pour obtenir la libération inconditionnelle de Sento Chang, sans succès jusqu’à présent.
Atle Høie, Secrétaire général d’IndustriALL, a déclaré :
“Nous sommes consternés par la condamnation et l’emprisonnement d’un syndicaliste pour avoir informé ses collègues de travail des discussions qui ont eu lieu lors d’une réunion avec la direction. C’est inacceptable et nous souhaitons rappeler à la direction d’E-Toile et au gouvernement de Madagascar qu’ils doivent respecter les normes nationales et internationales du travail relatives à la liberté et aux droits syndicaux. L’employeur et le gouvernement doivent engager un dialogue social avec les syndicats au lieu d’intimider les travailleurs par le biais d’accusations montées de toutes pièces et d’emprisonnements.”