14 octobre, 2022Le 24 août dernier, IndustriALL a convié une conférence en ligne dédiée à l’élaboration de stratégies de renforcement syndical, qui impliquait des syndicats organisant les travailleurs des multinationales et des chaînes d’approvisionnement de l’industrie électronique. Plus de 40 délégués de 16 pays se sont joints à la conférence, représentant les travailleurs des producteurs de semi-conducteurs et de leur chaîne d’approvisionnement. Il s’agissait de la première réunion du réseau des semi-conducteurs, qui comprendra également les réseaux syndicaux NXP et ST Microelectronics créés précédemment.
En ouverture de la réunion, Christine Olivier, Secrétaire générale adjointe d’IndustriALL, a souhaité la bienvenue aux participants et s’est engagée, au nom d’IndustriALL, à appuyer la constitution d’un réseau syndical mondial dans ce segment industriel en rapide évolution que sont les semi-conducteurs.
« Nous devons rassembler toute notre énergie ; les travailleurs, les multinationales des semi-conducteurs et leur chaîne d’approvisionnement doivent unir leurs forces pour mettre en œuvre des stratégies qui permettront aux syndicats de monter en puissance. »
Les sociétés productrices de semi-conducteurs sont réparties de manière inégale dans le monde. La Chine et l’Asie de l’Est abritent près de 75 pour cent des installations de fabrication de semi-conducteurs. Dans le même temps, plus de 90 pour cent des capacités de fabrication de semi-conducteurs de pointe sont situées à Taïwan et 8 pour cent en Corée du Sud. Cette configuration de l’industrie était relativement rentable sur le plan économique pour les grands acteurs et a ainsi fonctionné pendant de nombreuses années, mais elle induisait de nombreux risques susceptibles de perturber l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.
Ces perturbations inévitables ont commencé dans le sillage de la pandémie, avec la forte augmentation de la demande en électronique grand public durant les confinements et la relance de l’industrie automobile. Les producteurs de semi-conducteurs n’ont pas été en mesure de satisfaire cette augmentation brutale de la demande. Face aux tensions géopolitiques, aux nouvelles restrictions liées à la pandémie en Chine et au ralentissement économique dans les principaux pays consommateurs de l’UE, de l’Amérique du Nord et de la Chine, les gouvernements ont pris le parti de se prémunir contre les problèmes à l’avenir en commençant à produire eux-mêmes des semi-conducteurs. Ils ont ainsi annoncé des crédits d’impôts généreux en faveur des investissements et se sont engagés à injecter des fonds tout aussi généreusement dans l’industrie des semi-conducteurs, dans l’espoir de se hisser au premier rang sur le marché et d’engranger demain des dividendes élevés. Près de 1 000 milliards de dollars américains d’investissements ont été annoncés uniquement pour l’Europe et les États-Unis réunis. D’autres investissements importants dans le secteur ont été annoncés par le Japon, l’Inde, la Chine, la Corée du Sud et Taïwan. On retrouve en tête de ces investissements des leaders mondiaux de la fabrication de puces électroniques tels que TSMC, Intel, Samsung, Micron, Texas Instruments, et d’autres.
Alejandro González, chercheur au Centre de recherche sur les sociétés multinationales (SOMO), a évoqué les risques sociaux et environnementaux dans l’industrie des semi-conducteurs qui exploite d’importantes ressources en eau ainsi que des produits chimiques dangereux pour la santé des travailleurs qui les manipulent.
Jan Brauburger, conseiller en matière de politique pour IndustriALL Europe, a fait un point sur la situation de l’industrie européenne des puces électroniques ainsi que sur les enjeux et politiques actuels.
Les participants à la réunion ont identifié de nombreux problèmes et difficultés posés aux travailleurs du secteur des semi-conducteurs, notamment la médiocrité des conditions de travail, la discrimination des travailleurs migrants, la violence, le harcèlement et la discrimination au travail, le non-respect de la liberté syndicale, les attitudes antisyndicales, le manque d’informations quant aux dangers pour la santé, y compris les métaux et leurs alliages, ainsi que certains problèmes d’ergonomie non résolus, entre autres aspects.
« Cette réunion a marqué une première étape, et nous constatons un intérêt manifeste de la part de nos affiliés. Nous nous appuierons sur l’expérience acquise par les réseaux de NXP et ST Microelectronics créés précédemment et répondrons aux difficultés identifiées par ordre de priorité. D’ici la prochaine réunion, nous aurons finalisé la collecte des données relatives à la présence de nos affiliés dans l’industrie des semi-conducteurs et sa chaîne d’approvisionnement. Nous travaillerons main dans la main afin de poursuivre les efforts d’organisation visant à renforcer les syndicats dans ce segment stratégique de l’industrie électronique, »
a déclaré Alexander Ivanou, Directeur pour les secteurs de l’informatique, électricité et électronique.