28 janvier, 2013Sept personnes sont mortes et 20 ont été blessées lors d’un incendie dans une usine de confection à Dacca, deux mois seulement après le tragique incendie à l'usine de Tazreen qui coûté la vie 112 personnes en novembre dernier.
L'incendie s'est déclaré le 26 janvier à l’heure du déjeuner dans la petite usine de confection ‘Smart Fashions’ dans la capitale du Bangladesh, Dacca. Les sept personnes qui ont trouvé la mort sont des travailleuses âgées de 15 à 28 ans. Selon les renseignements recueillis, l'usine emploierait 300 travailleuses et travailleurs.
Cette usine fabriquerait des vêtements pour certaines marques connues comme Bershka et Lefties (Inditex), KIK, New Look, qui se trouvent sur le site. Inditex dit ne pas être au courant d'un sous-traitant qui travaillerait sans autorisation et dans de mauvaises conditions de sécurité contre l'incendie, comme fournisseur de Inditex. Inditex et IndustriALL Global Union ont accepté de mener une action commune sur la base de leur accord-cadre mondial. Cet accord-cadre s'applique également aux fournisseurs et aux sous-traitants qui doivent offrir à leurs salariés un lieu de travail où les conditions de santé et de sécurité sont bonnes. Cet incendie montre la difficulté pour les grandes entreprises de contrôler leur chaîne mondiale d'approvisionnement.
Peu de temps après la tragédie chez Smart Garments, Inditex et IndustriALL ont échangé les informations reçues de leurs partenaires et de leurs affiliés au Bangladesh, et commencé à travailler sur un plan d'action pour remédier à cette situation. Une mission conjointe arrivera à Dacca le mardi 5 février pour examiner la situation et envisager des mesures nécessaires pour réduire au maximum les effets de cet accident sur les victimes.
Jyrki Raina, secrétaire général de IndustriALL Global Union a commenté la situation en ces termes: “Nous avons appris avec une grande tristesse qu'un autre incendie avait coûté la vie à plusieurs jeunes femmes qui étaient nos collègues dans le secteur de la confection, et occasionné des blessures à beaucoup d'autres travailleuses et travailleurs. Comme ce fut le cas chez Tazreen Fashion, ce sont les mauvaises conditions de sécurité qui sont la cause de la tragédie chez Smart Fashion. Nous exprimons nos plus sincères condoléances aux familles des personnes qui ont péri et notre sympathie la plus réelle aux travailleuses et travailleurs qui ont été blessés”.
“IndustriALL Global Union demande d’entreprendre de toute urgence une action sérieuse pour empêcher d'autres tragédies. Nous invitons toutes les grandes marques internationales, les employeurs nationaux et le gouvernement du Bangladesh à commencer à engager avec nous, dès maintenant, une discussion sur un plan concret d'action. Celui-ci doit comporter des règles strictes de santé et la sécurité, une inspection efficace et une participation syndicale en coopération sur les lieux de travail, permettre d’assurer la liberté syndicale conformément aux normes de travail de l'OIT reconnues au plan international, ainsi qu’un programme d’augmentation des salaires minimums jusqu'à parvenir au moins au salaire vital dans le pays”, a ajouté Raina.
Il y a plus de 4.500 usines dans le secteur de la confection au Bangladesh. Les conditions de travail restent mauvaises et les salaires se montent dans la plupart des cas à 3.000 BDT (38 USD) par mois, ce qui correspond à seulement au tiers du salaire vital au Bangladesh. Après des années de présence et sur la base de l'ancienneté, le salaire peut finalement atteindre 5.500 BDT (environ 70 USD).
Très peu d'usines ont un syndicat, malgré les efforts des syndicats pour obtenir leur enregistrement qui leur permettrait de mener une négociation collective. Dans la région de Dhaka, sur 26 syndicats qui remplissent les conditions d'une représentation majoritaire dans des entreprises, un seul a jusqu'ici pu être enregistré officiellement, ce qui lui permet de négocier collectivement. D’où la difficulté pour les travailleuses et travailleurs d’exprimer leurs préoccupations sur la sécurité auprès d'une entité fiable: un syndicat qui pourrait négocier avec l'employeur sur des questions de sécurité parmi d'autres.
Avant cet incendie, Monika Kemperle, secrétaire générale adjointe de IndustriALL avait rencontré le 23 janvier les représentants des acheteurs au Bangladesh, ce qui avait permis de reconnaître l'importance d'engager toutes les parties prenantes dans une approche commune pour faire prendre conscience au gouvernement de sa responsabilité pour assurer la sécurité des travailleuses et travailleurs.
IndustriALL assistera avec ses affiliés à une conférence de l’OIT sur la promotion des principes fondamentaux et des droits au travail qui aura lieu les 3 et 4 février à Dacca. Cette conférence servira à réaliser une planification stratégique, analyser les besoins et obtenir la capacité nécessaire des syndicats dans le secteur de la confection au Bangladesh.