11 février, 2016IndustriALL Global Union a écrit au Premier ministre pakistanais pour exprimer sa solidarité avec les travailleurs et travailleuses qui protestent contre la privatisation, et pour exhorter le gouvernement à cesser la répression brutale de manifestations pacifiques.
Cela fait suite à la mort de deux employés de la compagnie d’aviation Pakistan International Airlines (PIA), Enayat Raza et Saleem Akbar, qui ont été tués le 2 février lors d’affrontements avec du personnel de sécurité. Ils avaient pris part à un rassemblement pacifique de travailleurs et travailleuses à Karachi, pour s'opposer à la décision du gouvernement de privatiser PIA. Beaucoup de gens, notamment des travailleuses et des journalistes, ont été blessés dans la répression violente décidée par les autorités.
Le même jour, quatre membres du syndicat de PIA ont disparu pour être ensuite remis en liberté par des hommes non identifiés six jours plus tard
Dans sa lettre au Premier ministre Muhammad Navaz Sharif, le secrétaire général de IndustriALL, Jyrki Raina, écrit:
Nous condamnons fermement la répression violente des protestations pacifiques des travailleurs et travailleuses. Il faut mettre fin immédiatement à la criminalisation de leurs actions. En démocratie, le dialogue a cours et non la répression pour apporter des solutions durables aux problèmes urgents auxquels la population pakistanaise fait face.
IndustriALL a exprimé ses condoléances aux familles et aux collègues des personnes qui ont perdu la vie, et demande au gouvernement pakistanais de “mettre fin à la répression des travailleurs et travailleuses, et d’engager une consultation nationale avec les organisations ouvrières pour parvenir à des solutions amiables sur les questions soulevées par les salariés.”
IndustriALL a également demandé au gouvernement de retirer la loi sur les services essentiels concernant PIA, qui empêche dans la pratique tous les salariés de PIA à mener des activités syndicales au cours des six prochains mois.
En remerciant IndustriALL pour les messages de solidarité, Suhail Baluch du Comité conjoint d’action (Joint Action Committee – JAC), l’organe des salariés de PIA, fer de lance du combat contre la privatisation, a déclaré :
Les travailleurs et travailleuses pakistanais s’opposent au bradage des actifs nationaux. La privatisation, sous quelque forme que ce soit, qu’il s’agisse d’un partenaire stratégique ou de la vente de participations minoritaires, n’est pas acceptable pour les salariés. Le gouvernement devrait reporter d’une année la campagne de privatisation et donner aux salariés de PIA une véritable chance pour le redressement de la compagnie aérienne.
Le projet de privatisation de 69 entreprises du secteur public fait partie des conditions de prêt imposées par le Fonds monétaire international (FMI). PIA est l’une des 39 entités du secteur public touchées par la première mise en œuvre du programme de privatisation. En s’interrogeant sur le rôle du FMI, Raina écrit: “Le FMI est l’une de ces institutions qui n’ont pas réussi à prévoir la crise économique mondiale en 2008, et qui, avec une approche politique ‘unique applicable à tous’ continue à faire des ravages dans les économies de pays en développement.”
Imran Ali, secrétaire général du Conseil IndustriALL du Pakistan a déclaré: “Il faut s’opposer à la privatisation des entreprises du secteur public qui conduira à des pertes d’emploi et à une augmentation de l’emploi précaire”.
Après huit jours de grève et de manifestations dans tout le pays, le JAC a mis fin au mouvement de grève, le 9 février, en demandant à ses membres de reprendre le travail. Le JAC est actuellement engagé dans des négociations avec le gouvernement. Les revendications du JAC portent notamment sur une commission judiciaire chargée d’enquêter sur la mort de travailleurs, le retrait immédiat du projet de loi gouvernemental de privatisation de PIA, et de donner aux salariés de PIA la possibilité de réformer la compagnie aérienne.