19 octobre, 2017Deux leaders syndicaux et cinq travailleuses du nettoyage sont en grève de la faim pour protester contre les salaires de misère dans les écoles mauriciennes.
Des bas salaires de l’ordre de l’équivalent de 43 dollars par mois et un emploi informel par le biais de sous-traitants, qui sont le lot des 333 femmes travailleuses des services de nettoyage des écoles primaires et secondaires mauriciennes du ressort du gouvernement, ont poussé le Président Reeaz Chutto et la Secrétaire générale Jane Ragoo de la Confédération des Travailleurs du Secteur Public et Privé (CTSP), ainsi que cinq travailleuses des services de nettoyage, à entamer une grève de la faim ce 13 octobre dernier.
La CTSP, qui est affiliée à IndustriALL Global Union, a décidé de cette action draconienne dès lors qu’elle a senti que ses revendications pour de meilleurs salaires, formulées depuis cinq ans, n’étaient pas prises en compte. Les manifestations et grèves du syndicat n’ont pas conduit à des augmentations salariales.
Malgré des réunions avec les ministres des finances et du travail, dont le syndicat avait le sentiment qu’elles constituaient des avancées, ces personnes affectées au nettoyage ont continué à être payées moins de l’équivalent de deux dollars par jour, sans avoir dès lors suffisamment d’argent pour entretenir leurs familles. Pourtant, le gouvernement a augmenté le salaire des enseignants en discriminant ainsi les travailleuses des services de nettoyage. Compte tenu de cela, les syndicats ont mis en doute l’engagement du gouvernement à augmenter les salaires comme annoncé par le biais de sa politique de salaire minimum censée profiter aux travailleurs et travailleuses tributaires de bas salaires.
La CTSP espère que Leela Devi Dookun-Luchoomun, la Ministre de l’Éducation et des Ressources humaines, de l’Éducation tertiaire et de la Recherche scientifique, rencontrera les syndicats après la mise sur pied d’un comité de solidarité destiné à soutenir la grève de la faim.
Jane Ragoo, qui est également membre du Comité exécutif d’IndustriALL, a déclaré :
“Nous ne comprenons pas pourquoi la ministre n’est pas intéressée à mettre fin à l’exploitation des travailleuses des services de nettoyage. Nous sommes dans l’attente de la réaction du gouvernement, mais un comité de soutien composé de syndicats et de partis d’opposition a été mis sur pied pour rencontrer la Ministre de l’Éducation ce 20 octobre et on peut espérer que le gouvernement accédera à nos revendications”.
Le Secrétaire général d’IndustriALL, Valter Sanches, a écrit au Premier Ministre de l’Île Maurice, Pravin Jugnauth. Il dit :
"De nombreuses tentatives pour traiter la question avec différents ministres du gouvernement n’ont pas reçu l’attention souhaitable vis-à-vis de la situation intenable de ces travailleuses qui méritent un salaire vital.
Dès lors, IndustriALL Global Union vous exhorte à intervenir immédiatement pour résoudre cette situation avant que la santé et le bien-être de nos camarades ne soit davantage compromis."
Fabian Nkomo, Secrétaire régional d’IndustriALL pour l’Afrique sub-saharienne ajoute :
“Nous attendons toujours des gouvernements qu’ils donnent l’exemple dans notre campagne pour des salaires vitaux. Cela explique notre frustration et notre déception lorsque des gouvernements deviennent eux-mêmes des employeurs coupables. Nous nous prononçons en faveur d’une résolution immédiate de ce conflit, pour le bien de nos camarades.”
Entretemps, la grève de la faim se poursuit.
Agissez !
Des syndicalistes d’autres pays se sont engagés à les rejoindre pour une grève de la faim de solidarité de 24 heures. Rejoignez-les !